N° 1531 du Canard Enchaîné – 22 Février 1950
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L’article « Sur le théâtre des opérations (de change) » de Gabriel Macé, publié le 22 février 1950, prend tout son sens lorsqu’on le replace dans le contexte de « l’affaire des généraux », aussi appelée affaire Revers-Mast, qui éclate en pleine guerre d’Indochine.
Cette affaire éclate en 1949-1950 et implique plusieurs hauts responsables militaires français, notamment le général Revers, chef d’état-major et conseiller militaire en Indochine, et Georges Mast, un agent des services secrets français (Deuxième Bureau). Cette affaire est un scandale politico-militaire lié à la gestion douteuse de l’effort de guerre en Indochine et à des accusations de corruption, de détournements de fonds et de malversations financières.
L’affaire commence lorsqu’il est révélé que des généraux en poste en Indochine, ainsi que des responsables civils et militaires, auraient détourné des fonds destinés à financer l’effort de guerre, y compris les subventions allouées aux troupes coloniales. Le général Revers est accusé d’avoir fourni des informations stratégiques à des groupes politiques et militaires vietnamiens, tandis que des soupçons de collusion entre certains officiers français et les intérêts financiers coloniaux sont soulevés.
L’article de Macé se moque ouvertement de cette situation en Indochine, en évoquant l’importance des opérations financières, au détriment des opérations militaires. Les allusions à des « manœuvres de recouvrement de fonds » et à des actions bancaires plutôt que militaires pointent clairement du doigt les dessous financiers de la guerre d’Indochine. L’affaire des généraux met en lumière un scandale où l’effort de guerre est compromis par des magouilles financières, exactement ce que l’article de Macé semble dénoncer, avec son ironie sur l’intervention des coffres-forts (les « blindés ») et la mise en avant de transactions plutôt que de combats.
L’illustration de l’appel à rejoindre l’armée coloniale, avec une mention sarcastique de la piastre qui sauvera le képi, est une critique directe des pratiques de certains officiers qui profitent financièrement du conflit. La piastre (la monnaie utilisée en Indochine française) est d’ailleurs au cœur de nombreuses opérations frauduleuses dans cette affaire, où des manipulations du taux de change ont permis à des responsables de s’enrichir, et c’est précisément ce que Gabriel Macé raille.
Cet article s’inscrit donc dans une critique générale de la gestion financière et militaire de la guerre d’Indochine. En pleine affaire Revers-Mast, où les militaires français sont soupçonnés d’avoir trahi à la fois les idéaux militaires et l’effort de guerre en Indochine pour des gains personnels, l’ironie mordante de Macé souligne la dimension d’injustice et de corruption qui gangrène ce conflit colonial. La guerre n’est plus une question de stratégie militaire, mais de transactions financières et d’intérêts personnels.
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