L’article intitulé « Le ‘Canard’ était à Bruxelles, savez-vous ? » s’inscrit dans le contexte délicat du retour de Léopold III, roi des Belges, après plusieurs années d’exil. Ce retour divise fortement la population belge et suscite de vives tensions politiques et sociales. En toile de fond, la Seconde Guerre mondiale, et surtout l’attitude controversée de Léopold III durant l’occupation nazie, ont laissé des séquelles dans la mémoire collective belge.

Dans cet article, Le Canard enchaîné adopte son ton caractéristique d’ironie et de légèreté pour commenter l’événement. Le texte commence par évoquer l’accueil plutôt terne réservé à Léopold III, avec une description moqueuse des tentatives de rendre l’événement plus grandiose, notamment par l’ajout de fleurs et de parterres fleuris. L’auteur ironise sur le fait que ces efforts semblent démesurés au vu de l’absence de réelle ferveur populaire.

L’article souligne également l’ambiguïté des sentiments à l’égard du roi. D’un côté, il y a ceux qui cherchent à honorer son retour, de l’autre, ceux qui le critiquent ouvertement. L’évocation de la « prudence » des forces de sécurité et des autorités, qui redoutent des troubles, reflète la gravité de la situation politique belge de l’époque.

Le texte multiplie aussi les anecdotes, tournant en dérision les faits et gestes du retour royal, tout en capturant la tension latente et l’inquiétude du gouvernement belge face à la réaction populaire. À travers des images subtiles, comme celle du cardinal Van Roey ou encore du « café arrosé à la Marignan », Le Canard dépeint avec humour une Belgique partagée et hésitante face au retour d’un souverain qui n’a pas su convaincre une grande partie de ses concitoyens.

L’article, en surface léger et caustique, montre en réalité l’acuité de l’observation politique du journal, qui pointe du doigt le malaise persistant autour de Léopold III et son rôle dans l’histoire récente du pays.