N° 1660 du Canard Enchaîné – 13 Août 1952
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Dans son article « Mon curé en enfer », paru dans Le Canard enchaîné du 13 août 1952, Morvan Lebesque prend pour point de départ l’ouvrage Le Festin chez Lévi de l’ex-curé Massin. Ce dernier, écarté de l’Église pour ses prises de position jugées trop audacieuses, devient le catalyseur d’une réflexion incisive de Lebesque sur l’état de la société et de la morale dans les années 1950.
Le texte s’ouvre sur un cadre de vacances paisibles, où Lebesque, décidé à se couper des préoccupations du monde, tombe sur le livre du curé Massin. Ce récit, qui mêle critique sociale et regards sur les travers de l’humanité, évoque un homme d’Église qui n’a pas renié sa foi mais qui refuse de se taire face à ce qu’il considère comme l’injustice fondamentale du monde et l’hypocrisie des institutions religieuses.
Lebesque cite les paroles du curé Massin : « Regardez, l’enfer est là, sur terre », comme un cri de désespoir mais aussi un acte d’accusation contre une Église déconnectée des réalités. Ce prêtre excommunié devient ainsi une figure tragique mais prophétique, qui dénonce le délitement des valeurs humaines au profit d’une morale de façade, incapable de répondre à la souffrance des opprimés. Massin parle pour les laissés-pour-compte : les jeunes chrétiens suicidés, les communistes persécutés, ou les parents écrasés par les douleurs d’un monde injuste. Sa colère, dépeinte avec empathie par Lebesque, est tournée vers l’Église elle-même, qui, en le condamnant, refuse de reconnaître ses propres contradictions.
Au cœur du texte, Lebesque relaie les paroles tranchantes de Massin : une invitation à juger les criminels non pas pour ce qu’ils ont fait, mais pour ce qu’ils révèlent de la société qui les a produits. « Faites-vous voleur un peu, pour voir », exhorte-t-il, dans une provocation qui vise à ébranler les certitudes de ceux qui condamnent sans comprendre. Pour Massin, et pour Lebesque, le crime, loin d’être un choix, est devenu une nécessité dans un monde où les règles de la morale sont brisées par la violence des réalités sociales.
Avec un mélange d’ironie et de gravité, Lebesque salue l’ex-curé Massin comme un homme qui, bien qu’exclu de son institution, porte encore un idéal de justice et de vérité, au prix de son exclusion. En dépeignant Massin, il ne fait pas seulement le portrait d’un homme de foi : il critique un monde où l’éthique, loin d’être un guide, devient un instrument de contrôle et d’oppression.
« Mon curé en enfer » est une chronique qui mêle indignation et réflexion sur la condition humaine, dénonçant les hypocrisies religieuses et sociales. En s’appuyant sur la figure réelle et percutante du curé Massin, Lebesque offre un texte qui interroge sur ce que valent encore la foi et la morale face à une modernité qui abandonne les plus fragiles.
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