Chers pauvres, crevez !

Morvan Lebesque s’empare d’une phrase lâchée par M. Michelet pour fustiger la misère culturelle dans laquelle on laisse sciemment les artistes. En évoquant le destin tragique de Charles Dullin, mort à l’hôpital et sans un sou, il démonte le cliché de la « nécessaire pauvreté » censée stimuler la création. La réalité, tranche-t-il, c’est l’incompétence et le désengagement.

S’appuyant sur l’exposition que la Bibliothèque de l’Arsenal consacre à Dullin, Lebesque élargit le propos : en France, la culture ne reçoit qu’un maigre 0,37 % des ressources nationales. Un budget dérisoire qui étouffe l’expression artistique, alors que les jeunes, enfin libérés de l’obsession militaire, ont besoin de repères culturels.

Il étrille le conformisme qui bride l’art, des censeurs officiels aux directeurs de centres dramatiques, et dénonce une distribution politique des subsides qui laisse les bibliothèques et théâtres populaires sur le carreau. Face à ce « soyez purs, soyez dignes… crevez », il appelle à un sursaut concret : ministres et élus locaux doivent unir leurs efforts pour que la culture cesse d’être un privilège réservé à quelques-uns.