N° 2720 du Canard Enchaîné – 13 Décembre 1972
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La scoumoune
Belmondo reprend du poil de la bête avec La Scoumoune, film de truands signé José Giovanni. Entre règlements de comptes, prisons et mines de guerre, Michel Duran voit dans ce rôle un retour triomphal du grand Bébel, “plein d’autorité, d’humour et de fougue”.
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La scoumoune
Belmondo retrouve son terrain de jeu préféré
Dans son article du 6 décembre 1972, Michel Duran s’attarde sur le retour en force de Jean-Paul Belmondo grâce à La Scoumoune, adaptation d’un roman de José Giovanni. Après l’échec du Docteur Popaul, l’acteur retrouve ici ses marques dans un univers qu’il connaît par cœur : celui des truands, des prisons et des règlements de comptes.
L’action se situe à Marseille, en 1935, cadre idéal pour Giovanni, qui mêle ses thèmes favoris : l’amitié virile, la loyauté, la violence et les inévitables trahisons. Belmondo y campe un tireur d’élite, embarqué malgré lui dans une spirale criminelle où se croisent prostitution, vengeance et cavale. Aux côtés de Constantin, son complice à l’écran, il tente de s’arracher à son destin, tout en affrontant la fatalité – cette “scoumoune” qui colle à la peau des personnages.
Michel Duran souligne l’habileté avec laquelle Giovanni met en scène les paradoxes de son époque : une société marquée par les blessures de la guerre, la collaboration, puis la Libération, où anciens résistants et anciens collabos se retrouvent parfois sous les mêmes barreaux. Les prisons deviennent ainsi un théâtre où se joue une autre forme de sélection : seuls les plus endurcis en sortent libres, au prix d’un courage et d’une chance inouïs.
L’article insiste sur la performance de Belmondo, qu’il décrit comme plus convaincant que jamais : autoritaire, drôle, énergique, il incarne ce mélange de gouaille et de dureté qui a fait son succès. Duran salue aussi la justesse de Michel Constantin, fidèle partenaire, qui complète ce duo de malfrats crédible et attachant.
Quant à Claudia Cardinale, elle ajoute une touche de sensualité et de drame, incarnant la maîtresse de Belmondo, femme aimante mais prise dans la tourmente des coups et des règlements de comptes.
Au final, La Scoumoune apparaît comme un film sombre mais efficace, un polar “de A à Z”, qui redonne à Belmondo son éclat. “Il n’a jamais été aussi à l’aise”, conclut Duran, voyant dans ce rôle la revanche éclatante d’un acteur qui, après un détour manqué, retrouve sa voie naturelle : celle d’un héros populaire, à la fois voyou et chevalier des temps modernes.