N° 2833 du Canard Enchaîné – 12 Février 1975
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Le gang des lyonnais : Coup de Ponia dans le Rhône
Quand le ministre joue les shérifs
Le 12 février 1975, Le Canard enchaîné revient sur l’arrestation spectaculaire du fameux « gang des Lyonnais », auteur présumé du hold-up de Strasbourg en 1971. En décembre, Michel Poniatowski, ministre de l’Intérieur, s’était déplacé en personne à Lyon, en hélicoptère, pour donner l’illusion d’une opération décisive. L’affaire fit grand bruit dans la presse, Paris-Match en tête, mais Le Canard démonte cette mise en scène policière aux airs de western républicain. Derrière les effets de manche, les contradictions abondent, entre fuites, protections politiques et soupçons de précipitation. Un récit où l’ordre républicain vire à la comédie policière.
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Le gang des lyonnais : Coup de Ponia dans le Rhône
Le spectacle de la sécurité version Poniatowski
L’article du 12 février 1975 illustre parfaitement la manière dont Le Canard enchaîné scrute et ridiculise la communication sécuritaire du pouvoir. Intitulé « Coup de Ponia dans le Rhône », le texte s’attarde sur la mise en scène orchestrée autour de l’arrestation du « gang des Lyonnais ». Le ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski, s’est rendu à Lyon en hélicoptère, comme un shérif américain venu superviser en personne la capture des truands. La presse, emmenée par Paris-Match, a abondamment relayé cette image, transformant une opération de police en un grand feuilleton à la gloire du ministre.
Mais Le Canard dégonfle l’affaire. L’arrestation est loin d’avoir l’éclat qu’on lui prête : les policiers accumulent les preuves depuis des mois, et la présence de Poniatowski n’a rien changé au fond. Pire, certains détails suggèrent que l’opération fut précipitée, voire improvisée, pour donner un coup d’éclat médiatique. Le journal s’interroge : pourquoi tant d’empressement, sinon pour nourrir la mise en scène politique d’un ministre soucieux d’apparaître comme le champion de l’ordre ?
L’article élargit son propos en rappelant que le « gang des Lyonnais » évolue dans une zone grise où se croisent truands, protections locales et complicités tacites. Les comparaisons avec les « bons temps » où des notables pouvaient fermer les yeux sur les activités mafieuses révèlent la persistance d’une France où le crime organisé et les réseaux politiques s’entrecroisent. Dans ce contexte, l’arrestation médiatisée ressemble moins à une victoire définitive qu’à un règlement de façade.
Le Canard évoque aussi les techniques policières, comme la « laverie », consistant à blanchir l’argent sale par des notaires ou des opérations financières complexes. Ces détails montrent que la criminalité des années 1970 n’est plus celle des gangsters folkloriques mais une délinquance sophistiquée, difficile à démanteler. En insistant sur ces méthodes, l’article met en évidence le décalage entre la réalité du crime et le spectacle donné par le ministre.
La charge satirique repose sur l’ironie : Poniatowski apparaît comme un acteur plus préoccupé de son image que de la lutte réelle contre la criminalité. Sa descente en hélicoptère à Lyon devient le symbole d’une politique de sécurité qui privilégie le « show » aux résultats durables. Le lecteur est invité à voir dans cette agitation une illustration de la manière dont le pouvoir, face à l’insécurité et au malaise social, choisit l’esbroufe médiatique plutôt que la réforme de fond.
En somme, ce papier du Canard éclaire la fonction des affaires criminelles dans la politique des années 1970 : elles servent de décor à une dramaturgie sécuritaire. En ridiculisant Poniatowski, l’hebdomadaire dévoile le caractère artificiel d’une mise en scène qui, derrière ses airs d’opération coup de poing, ne masque que mal les contradictions d’un pouvoir obsédé par son image.