N° 2876 du Canard Enchaîné – 10 Décembre 1975
N° 2876 du Canard Enchaîné – 10 Décembre 1975
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Hélas ! hélas ! et SNIAS… par Pierre Detif
En décembre 1975, Le Canard enchaîné brocarde la nomination de Jacques Mitterrand – frère du futur président – à la tête de la SNIAS, le géant public de l’aéronautique. Après l’éviction d’un gestionnaire jugé compétent, l’État choisit un général en retraite, incarnation des travers bureaucratiques et militaires qui plombent l’industrie française. Derrière l’ironie, une critique sévère : comment espérer rivaliser avec Boeing quand la France transforme ses fleurons technologiques en sinécures pour notables, plus soucieux de galons que de commandes d’avions ?
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Hélas ! hélas ! et SNIAS…
Dans son édition du 10 décembre 1975, Le Canard enchaîné se déchaîne contre la nomination de Jacques Mitterrand, frère de François, à la tête de la Société nationale industrielle aérospatiale (SNIAS). Avec un titre qui sonne comme un soupir fataliste, le journal raille un nouvel épisode de la gestion étatique à la française, où l’on préfère confier les commandes d’un géant industriel à un général en retraite plutôt qu’à un dirigeant issu du secteur.
Une entreprise malade
La SNIAS, issue de regroupements successifs dans l’aéronautique, traîne alors une réputation d’échec commercial : trop de programmes déficitaires, trop de prestige coûteux, du Concorde à l’Aloette. Quarante mille salariés, des ingénieurs brillants, mais une machine plombée par les déficits et par une tutelle étatique tatillonne. Pour Le Canard, l’image est claire : « des merveilles volantes » confiées à une gestion bureaucratique inefficace, transformant l’aéronautique en gouffre financier.
Le faux espoir Mayoux
Un temps, un dirigeant compétent – Jacques Mayoux – avait semblé pouvoir redresser la maison. Ancien patron du Crédit agricole, il avait une vraie expérience de gestion et proposait une réforme en profondeur : mettre fin aux sinécures, limiter l’influence des cabinets ministériels et recentrer l’entreprise sur ses priorités industrielles. Mais ses exigences salariales et son refus des compromissions avec les généraux recyclés en postes honorifiques eurent raison de lui.
Place aux généraux
À sa place, l’État choisit Jacques Mitterrand. Ancien commandant des forces aériennes stratégiques, mais sans expérience de gestion, il incarne ce que Le Canard dénonce depuis des années : la confusion entre prestige militaire et compétence économique. L’aéronautique devient ainsi le terrain d’une redistribution des honneurs républicains, un moyen de « recycler » les notables au détriment d’une véritable stratégie industrielle.
Une satire politique
Derrière l’humour, c’est un portrait inquiétant de l’industrie française que brosse Le Canard enchaîné. Comment rivaliser avec Boeing si les fleurons technologiques français restent gérés comme des casernes ou des annexes ministérielles ? En mettant en lumière le poids des réseaux et des favoritismes, l’article de Pierre Detif illustre un mal plus profond : celui d’un capitalisme d’État qui peine à se réformer.





