N° 2878 du Canard Enchaîné – 24 Décembre 1975
N° 2878 du Canard Enchaîné – 24 Décembre 1975
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Rainier tisse sa toile
À l’orée de Noël 1975, Le Canard enchaîné s’offre une charge contre la principauté monégasque. Derrière l’image de conte de fées du prince Rainier et de Grace Kelly, c’est une tout autre histoire qui se dessine : celle d’un territoire français grignoté par des promoteurs immobiliers, de millions engloutis dans les sables du Cap-d’Ail et d’un État français qui ferme les yeux. Le patriotisme tricolore y perd quelques plumes au profit d’intérêts privés, tandis que Monaco étend son influence bétonneuse, sans vergogne.
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Rainier tisse sa toile
Monaco, béton et diplomatie molle
Dans son édition du 24 décembre 1975, Le Canard enchaîné choisit pour cible la principauté de Monaco, son prince Rainier et, en arrière-plan, la complaisance de l’État français. L’article, au ton ironique et indigné, démonte une affaire qui, sous couvert d’aménagement urbain, s’apparente à une véritable dépossession d’un morceau de territoire national.
Quand le béton avale la mer
Tout commence en 1965, lorsque la S.A.D.I.M. (Société d’aménagement et de développement immobilier de Monaco), adossée à de grands groupes financiers français comme la B.N.P. ou la Compagnie bancaire, se lance dans une opération pharaonique : gagner des terres sur la mer au Cap-d’Ail. Mais ces remblais, loin de s’arrêter aux limites monégasques, mordent largement sur les eaux françaises. Les promoteurs n’hésitent pas à construire en catimini, certains de la passivité des autorités tricolores.
L’argent n’a pas d’odeur
Le Canard souligne le cynisme du montage : en versant des millions de mètres cubes de remblais sans autorisation, les promoteurs savaient qu’ils finiraient par obtenir une régularisation. Et c’est exactement ce qui se passe. Plutôt que de réagir fermement, l’État français cède, préférant voir le prince Rainier racheter au prix fort un terrain dont il s’était illégalement approprié une partie. Ironie ultime : c’est la République qui, en fermant les yeux, valide un véritable hold-up immobilier.
La diplomatie molle des ministres français
L’hebdomadaire se gausse aussi des réactions molles de Paris. Chaban-Delmas, Premier ministre, n’impose aucune sanction sérieuse. Le Quai d’Orsay, lui, s’illustre par son silence, et l’affaire s’enterre dans les bureaux ministériels. Le discours patriotique sur la « défense du territoire » semble bien loin lorsqu’il s’agit de contrarier les appétits du Rocher.
Une fable de Noël bien amère
En filigrane, l’article met en lumière le contraste entre l’image glamour de Monaco – Grace Kelly, la jet-set, le faste princier – et les pratiques douteuses qui permettent à la principauté d’accroître ses surfaces au détriment du droit international et du voisin français. Noël 1975 se teinte ici de béton et d’ironie : derrière les guirlandes et les paillettes, Le Canard rappelle que la diplomatie française sait être bien accommodante, surtout quand l’argent coule à flots.





