BON an mal an nous y voilà :

millénaire de ne pas y toucher, le XXIe siècle s'affiche au calendrier ! On ne saurait dire encore si 2001 sera l'Odyssée de l'espace. Mais pour ce qui est de nos contrées, et plus précisément de la galaxie Matignon-Elysée, on peut dès maintenant augurer que c'est d'abord de la cohabitation que 2001 sera l'odyssée. En ce domaine, la réalité dépasse déjà les frictions qui tout au long de l'an 2000 écoulé n'ont cessé de croître et de se multiplier.

Ces explications « d'homme à homme » sont d'un genre plus terre à terre que la guerre des étoiles. Elles se règlent souvent au ras des pâquerettes. Les deux têtes opposées de l'exécutif ne s'embarquent pas pour l'horizon 2002 à bord d'un super-vaisseau interstellaire, mais dos à dos sur la même vache folle qui meugle sa schizophrénie. Et les deux cohabitants ennemis ne s'affrontent ni au désintégrateur laser ni à la force mentale, mais à la cassette qui tue, aux farines carnées ou au calendrier électoral.

Les adversaires veillent toutefois, dès qu'il s'agit des affaires, à ne pas trop s'estropier. D' abord parce que ce genre d'arme à double tranchant peut toujours se retourner contre celui qui s'en sert. Ensuite parce que la route est encore longue jusqu'à la bataille finale de la présidentielle de 2002. Elle est aussi ponctuée d'embûches judiciaires et d'élections municipales. Autant d'échéances qui peuvent faire mal. Et ont déjà, pour ce qui concerne la Mairie de Paris, sérieusement plombé celui qui en fut le premier édile. Car, des pratiques de Tiberi à la cassette Méry en passant par les commissions occultes sur les marchés publics d'Ile-de-France, c'est à chaque fois le nom de Chirac qui a été prononcé. Celui de Jospin n'est pas pour autant totalement épargné. Même si le mot affaires rime le plus souvent avec RPR ou ancien maire, le PS et le PC sont également concernés et ont aussi leurs propres affaires et des enquêtes en cours qui se comptent au pluriel. Bref, commencé sous le signe de la tempête pour tout le monde, l'an 2000 s'achève, pour nos cohabitants, dans la tourmente des affaires. (...)

Erik Emptaz - L'année Canard N°78 - décembre 2000 -