Année 1982 du Canard Enchaîné complète et brochée
Année 1982 du Canard Enchaîné complète et brochée
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Année complète et brochée 1982
Grand in folio 54.5 X 36 cm, feuilles parfaitement massicotées à ce format – 52 numéros originaux / 416 pages
Livré avec 4 signets originaux
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(…) Une année, il faut bien dire, qui n'a pas été excessivement folâtre. Les Français, fort imprudemment conviés par Pierre Mauroy à garder les yeux ouverts » (sans doute comptait-il les éblouir) en ont vu de toutes les couleurs : la « fête » annoncée en 1981 par le grand lyrique Jack Lang, le changement dans la joie, les Français ont très vite compris qu'en effet ça allait être leur fête. Fabius et Delors étaient là, avec leurs propos contradictoires, laissant Tonton François annoncer solennellement qu'il n'y aurait pas de dévaluation du franc, alors qu'elle se produisait deux jours plus tard, et préparant, par des discours fort libéraux, la politique de rigueur.
Étrange spectacle que ce ministère, préparé aux affaires par vingt ans d'opposition, qui a érigé la contradiction en système de gouvernement : Jobert, ministre du Commerce extérieur, dit le contraire de ce que dit, entre deux gaffes diplomatiques, Cheysson, ministre des Affaires extérieures ; Ralite, ministre de la Santé, annonce des mesures que Bérégovoy, ministre des Affaires sociales, condamne ; l'ineffable Hernu cocorique sur les mérites de l'Exocet, — qui a fait merveille aux Malouines, en mettant hors de combat le plus beau fleuron de la marine britannique —, au moment même où Tonton tente de mettre fin à la guerre franco-britannique de la dinde ; Pierre Cot est démissionné de la Coopération parce qu'il tient des propos qui ne sont pas conformes à l'équilibre molièresque entre Alceste et Philinte prôné à l'Élysée. Seul, Rocard, ministre de l'Arrière-plan, se tient coi.
Pendant ce temps, le chômage continue, l'UNEDIC disparait, le pouvoir d'achat de la ménagère s'amenuise, ça cafouille sur la pré-retraite, Jobert gagne l'inoubliable bataille de Poitiers contre l'envahisseur japonais, et on apprend, en passant, que la France a une dette extérieure de 400 millions de dollars. Les syndicats renaudent ; le patronat, qui ne porte pas le portefeuille à gauche, traîne les pieds, et voici, pour ajouter une note joyeuse, que surgit dans ses assises, un nouveau nom : M. Deuil.
Ça ne fait rien : au-dessus de tout ça, Tonton François plane, le front et le regard de plus en plus olympiens, sinon le tour de taille. Grandiose. Après la cérémonie du Panthéon sur la tombe de Jaurès, en 1981, voici, en 1982, les fastes louis-quatorzième du Sommet de Versailles. Un bide...
Tout cela n'est pas follement gai, et il faut bien avouer que l'environnement international ne l'était pas davantage : la Pologne, le Liban, l'Afghanistan, l'Amérique latine, la crise économique mondiale...(…)
Gabriel Macé - Les dossiers du Canard N°5 - décembre 1982 -








