LA MI-SEPTENNAT : Faites entrer les témoins

L'HISTOIRE me jugera ! » a répondu François Mitterrand quand on a évoqué sa mauvaise cote persistante dans les sondages.

Selon Tonton, un président de la République ne saurait comparaître que devant cette haute juridiction. Fût-il un Ex. Ainsi est-il intervenu personnellement auprès du président de la commission d'enquête parlementaire sur les avions renifleurs » pour qu'il renonce à convoquer M. Giscard d'Estaing, pourtant témoin numéro un dans cette joyeuse et rocambolesque affaire d'Etat. Faire comparaître Giscard (redevenu

Big Tonton, qu'avez-vous fait en 84, l'année d'Orwell ? Nos dessinateurs le racontent dans le détail : ils ont suivi l'homme de la force tranquille dans les guêpiers du Liban, du Tchad, de la Nouvelle-Calédonie, et dans l'Hexagone où bruissent les Guêpes d'Aristophane, celles de l'opposition. Ils n'ont raté aucun événement : ils étaient là quand Tonton rencontrait Hassan II au Maroc, puis Kadhafi, en Crète, et à Conakry, quand il a lâché ce pauvre Cheysson. Ils ont assisté au baptême de Fafa, quand Tonton a donné à la France un jeune Premier ministre », et ils ont vu la naissance de ce nouveau personnage historique : le Tucard.

Les dessinateurs sont des témoins objectifs, ils ne jouent pas les procureurs : caricaturistes, ils n'accusent que les traits. Féroces parfois, mais toujours souriants. Grâce à eux, le tribunal de l'Histoire entre dans la catégorie des tribunaux comiques » chers au petit père Moinaux.

Selon un sondage Le Parisien libéré » (18/12), l'année 84 a été une année de crise pour le rire : la grande majorité des Français ont rigolé moins d'une minute par jour, alors que, naguère, ils se fendaient la pêche pendant vingt minutes.

Gabriel Macé - Les dossiers du Canard N°14  - janvier 1985 -