Année 1994 du Canard Enchaîné complète et brochée
Année 1994 du Canard Enchaîné complète et brochée
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Année complète et brochée 1994
Grand in folio 56 X 37 cm, feuilles parfaitement massicotées à ce format – 52 numéros originaux / 416 pages
Livré avec 4 signets originaux
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FUNESTE
année pour les amitiés ! Liens qui se délitent, promesses qui se délaissent, rancunes et rancœurs, dépit et déception... Il a fait mauvais temps pour les amis d'hier comme pour ceux de trente ans !
L'amitié des juges et du pouvoir a volé en morceaux, les amitiés de jeunesse de Mitterrand ont fait des éclats, la fin des amitiés de Tapie et de sa banque a alimenté la chronique, et bien d'autres amitiés se sont achevées avec l'année. Mais la désaffection qui a le plus alimenté le calendrier 1994-1995 est encore celle du déchirant duo que n'ont pas fini de former Edouard et Jacquot.
En un rien de temps, ces deux-là sont passés de la petite phrase au western, et le film de guerre à grand spectacle est désormais annoncé.
A leurs rixes et périls ils se sont mis la candidature à mal mais ont surtout obéré l’avenir doré de la majorité. Garantie intouchable par une gauche au trente-sixième dessous, la droite, en un an de désunion solennelle sous l'œil accablé de son électorat, a perdu pas mal de ses boulons et beaucoup de ses atouts.
Edouard, qui, jusque-là, caracolait au faîte des sondages dont il pilonnait l’adversaire, s'est vu désarçonné par Delors, qui fut non-candidat comme lui ou alors « par devoir ». Autre histoire d'amitié. L’ami Delors entretenait avec les socialistes des rapports pas franchement chaleureux. Mais plus il grimpait dans les sondages, plus c'était un ami de toujours. Très vite, il est même devenu le messie, l'homme qui allait ressusciter le PS de ses scories. Certes, le sauveur tardait à se décider, mais, c'est bien connu, les amis aiment toujours à se faire prier, et puis, plus il attendrait, meilleur ce serait. Las, le messie croyait moins au miracle que ses nouveaux fidèles, et il n'a pas cédé à l'amicale pression de ceux qui le poussaient à accomplir son « devoir ». Il leur a laissé comprendre que pour gouverner il était plus facile de trouver des amis qu'une majorité.
Et patatras ! les amis de gauche n'ont pas fini de s'en remettre. Quant aux amis de droite, sans concurrence sérieuse en face, c'en est fait du semblant de retenue dans le massacre qu'ils affichaient encore vaguement. Chirac n'a plus de raisons de déposer les armes, et tous ceux que cela démangeait de joindre leur gâchette à la danse contre Edouard ne vont sans doute pas se priver de le faire... C'est dire que les amis d'hier n'auront pas fini de rire demain... Mais c'est une autre histoire, celle de l’année pas triste qui s'annonce (…)
Erik Emptaz - L'année Canard N°54 - décembre 1994 -








