Année complète et brochée 1999. Grand in folio 57 X 35.5 cm, feuilles parfaitement massicotées à ce format – 52 numéros originaux / 416 pages –

FIN d’année, fin de siècle… avec tous ces mots de la fin on pouvait redouter que les oiseaux de mauvais augure ne se déchaînent. Mais par chance les pythies de service, survivant au ridicule d’une éclipse qui n’a pas rimé avec l’apocalypse qu’elles nous avaient annoncée, ont opté avec prudence pour le millénarisme modeste. Le profil (astrologique) bas est de mise, et le catastrophisme, discret. Excepté quelques allumés du bog et autres polytraumatisés du microprocesseur, on note sans déplaisir que les Paco Rabanne et consorts sont moins nombreux que prévu pour nous prédire que la fin de 1999 annonce la fin des haricots et celle du monde du même coup.
Que l’on considère l’année qui se termine comme la dernière du siècle ou la première du troisième millénaire, il est une prédiction à laquelle chacun peut s’adonner sans risquer d’être démenti par les faits, l’an 2000 sera forcément une année de campagne électorale. Quelle est, en France, l’année qui ne l’est pas ?
Avant même que 1999 ait commencé, Chirac se croyait déjà en 2002, c’est-à-dire en campagne présidentielle. Un an d’ actualité et quelques calamités électorales plus tard, le président de la République est toujours à l’assaut des urnes. Demandez le programme ! Il y a deux ans c’était le « nouvel élan », l’an dernier nous avons eu droit au « nouveau souffle », cette année c’est la « reconquête ». Chirac ne pense qu’ à ça. Il n’ a d’ ailleurs pas grand-chose d’autre à faire et s’y emploie avec des bonheurs divers mais avec l’énergie de ceux qui en redemandent comme on reprend du tripoux.
La moindre contrariété de Jospin le fait pétiller, tout ce qui contrarie son cohabitant le met en état d’euphorie avancé, l’affaire DSK c’est son LSD.
Il se voit alors au nirvana des urnes, confond sondages et suffrages, et du même coup en oublie ses propres ennuis, son parti en déconfiture, ses barons en désespérance, ses ratages dès qu’il s’en mêle, mais aussi ses affaires et celles de son ami Tiberi… Dans l’isolement de l’Élysée, entouré de sa chère fille et de ses conseillers, il s’emballe vite en prédisant à Jospin un long catalogue de calamités.
Ledit Lionel, qui se défend d’être lui aussi en campagne, et s’efforce d’afficher une sérénité à toute épreuve, n’en est pas moins agacé. Et il y a peu de raisons pour qu’en ce domaine les choses aillent en s’améliorant, la fin de l’année n’est pas la fin des hostilités.
Mais, avant de découvrir ces épisodes à venir, il n’est pas déplaisant de se remémorer les précédents. Ce dernier « Bêtisier » du siècle est là pour vous y aider. Vous y retrouverez toute l’ actualité de 1999, revue et allumée chaque mercredi par « Le Canard ». De la guéguerre des cohabitants à celle du bœuf aux hormones, d’Elf à la Mnef, de l’Élysée à l’Hôtel de Ville, des boues aux banques en passant par l’euro malmené, la vache folle, le roquefort au lait cru et les péripéties des habitués de nos colonnes, ce numéro est riche. (…)

Erik Emptaz – L’année Canard N° 74, décembre 1999.