Année 2003 du Canard Enchaîné complète et brochée
Année 2003 du Canard Enchaîné complète et brochée
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Année complète et brochée 2003. Grand in folio 57 X 35.5 cm, feuilles parfaitement massicotées à ce format – 52 numéros originaux / 416 pages –
UN an, c’est vite passé. Surtout avec des hommes pressés. L’an dernier à pareille époque, George Dobeuliou Bush n’avait de cesse de faire sa guerre à l’Irak. L’affaire a été rapidement menée et le conflit est terminé ! Enfin, sur le papier ! Car sur le terrain ce n’est pas si simple. Pour avoir, dans sa hâte à en découdre, bâclé la préparation de l’après-guerre, George W. en pré campagne électorale se retrouve empêtré dans une paix aussi précaire que meurtrière.
Chirac, lui, ne s’est pas précipité sur cette guerre, et les faits ne lui ont pas donné tort. Il s’est en revanche empressé de sauter sur l’occasion de jouer du registre « Peace and Love » pour sa propre paix. A lui les voyages et les envolées sur la paix dans le monde, à Raffarin la paix sociale ! Au Président le planétaire, au Premier ministre le terre-à-terre et le terrain. Du coup, c’est Raffarin qui termine l’année plus éclopé que s’il avait fait la guerre. Depuis les 15 000 morts d’un été meurtrier dont il n’a su mesurer l’ampleur, entre un ministre de la Santé qui n’a rien vu et un président de la République qui, du Canada, n’a rien entendu, tout pour lui va de travers. Ses raffarinades partent en vrille, sa com’ ne passe plus, et sa solide cote de popularité de l’an passé est complètement ruinée.
Décadence infernale des sondages, il a beau mouliner de ses petits poings rageurs en répétant qu’il n’est pas mort et qu’il reste prêt à servir encore au moins jusqu’à la confrontation des élections régionales, on ne compte plus ceux qui dans son propre camp considèrent qu’il ne passera pas l’hiver. Dont un particulièrement pressé, Speedy Sarkozy, pour ne pas le nommer. Voici douze mois, celui-là piaffait déjà. Il était alors en pleine guérilla contre Juppé, qui l’avait fait écarter de Matignon, où il se voyait déjà nommé. Désormais il est passé à la vitesse et à l’ambition supérieures. Après avoir mené la course en tête sans hésiter à empiéter sur les plates-bandes de ses collègues pour être le premier des ministres faute d’ avoir été Premier ministre, ce n’est plus Juppé et Matignon qu’il vise, c’est Chirac et l’Élysée !
Le premier flic de France multiplie les radars sur les autoroutes comme en ville pour limiter la vitesse, mais il ne cesse quant à lui d’accélérer. Il lui a suffi de faire grimper l’Audimat dans une émission de télé pour considérer que la voie était dégagée et la concurrence dépassée. Sous prétexte qu’il n’y a pas loin de la Place Beauvau à la rue du Faubourg-Saint Honoré, l’homme trop pressé s’y voit déjà. Il oublie qu’il lui reste trois ans et demi pour convaincre l’électeur de l’y installer.
Chirac fait la sourde oreillette, mais il n’en est pas moins obligé de redescendre de son nuage planétaire pour faire face à cet excès de vitesse et de précipitation que son entourage considère comme une « déclaration de guerre ». Encore une ! Cette fois, il n’est pas certain que « Peace and Love » soit le précepte chiraquien. Mais nous avons le temps de voir. (…)
Erik Emptaz – L’année Canard N°82 – décembre 2003 –
Livré avec 4 signets originaux
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