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Dictionnaire CANARD 1959

Dictionnaire CANARD 1959

19,50 

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Dictionnaire du Canard 1959

Numéro spécial, troisième de la série. Supplément vendu à l’époque avec le numéro du 3 Décembre 1958. Définitions et histoires les plus satiriques et anticonformistes.

« Du grand Charles à de Gaulle » : ainsi André Ribaud résume, dans le Dictionnaire du Canard 59, la naissance et l’agonie de la IVᵉ République. Une chronique mordante, servie par les dessins de Pol Ferjac et Moisan, où défilent Schuman, Thorez, Blum, Queuille, Pinay, Mollet et bien d’autres, tous pris dans le tourbillon des crises ministérielles. Entre humour vachard et lucidité politique, Le Canard livre une autopsie joyeusement cruelle de la République des partis, à l’heure où le général de Gaulle vient de reprendre les rênes du pays.

In 8 format 20 X 13 cm, broché. Couverture souple. Comporte de nombreuses illustrations, photos et dessins humoristiques en noir & blanc, dans et hors textes. 96 pages

Les plats peuvent présenter des traces d’usures ou frottements, l’intérieur est frais avec parfois quelques rousseurs sans gravité.

 

 

 

 

 

Livré avec 4 signets originaux

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Dans son article « Du grand Charles à de Gaulle », publié dans le Dictionnaire du Canard 59 (paru fin 1958), André Ribaud propose une « brève histoire de la IVᵉ République » qui n’a rien d’un traité académique, mais tout d’une autopsie satirique. Le texte, truffé de bons mots et d’images impitoyables, s’inscrit dans un moment charnière : la IVᵉ vient de s’effondrer au printemps 1958, balayée par la crise algérienne, et le général de Gaulle, rappelé aux affaires, inaugure la Vᵉ République.

Une République née « d’un coup de Gaulle raté »

Ribaud ouvre sur une formule assassine : « Un coup de Gaulle raté l’a fait naître, un coup de Gaulle réussi l’a fait mourir ». Le ton est donné : la IVᵉ République, née en 1946, n’aurait jamais été qu’une fille fragile, mal conçue et condamnée d’avance. À travers cette image de filiation boiteuse, Ribaud met en scène une Marianne maladive, fruit de compromis impossibles entre socialistes, démocrates-chrétiens, communistes et radicaux.

La galerie des parrains : Blum, Thorez, Schuman…

Ce qui fait le sel de l’article, c’est la manière dont il convoque toute une galerie de figures politiques pour « parrainer » cette République mal partie. Blum veut la marier à Londres, Thorez lui promet le « prix Staline », Schuman la rêve « dure et pure », tandis que Maurice Schumann annonce qu’on en fera une « nonne ». À chaque nom, Ribaud colle une formule qui fait mouche, soulignant le décalage entre les ambitions des leaders et la triste réalité.

L’effet comique repose sur l’accumulation : à force de « parrains », la République ressemble à une orpheline ballotée entre des protecteurs aussi prestigieux qu’impuissants.

Les crises en rafale : de Ramadier à Mollet

Ribaud déroule ensuite, année après année, la valse des gouvernements. Paul Ramadier, présenté comme « Ramadier-Ramadan », symbolise déjà les privations et la disette. Félix Gouin devient « Félix Vin », caricature d’un homme incapable de tenir le train en marche. Bidault apparaît en « oncle Ho » malgré lui, empêtré dans l’Indochine.

Puis viennent Schuman et Queuille, surnommé « le bon Queuille », champion de l’immobilisme. Ribaud résume en une phrase ce qui fut un leitmotiv du Canard pendant toute la IVᵉ : « La République, c’est le règne du provisoire définitif ». Les gouvernements tombent, se recomposent, tombent encore, avec une régularité telle que la caricature rejoint le constat historique.

L’ombre de la guerre d’Algérie

À mesure que l’on avance, la guerre coloniale devient le fil rouge de cette chronique. Dien Bien Phu, Suez, puis surtout l’Algérie : tous les ministres s’y brisent les dents. Ribaud note qu’en 1954 « la République offre à l’Algérie son conflit à elle » et que l’affaire devient le tombeau des gouvernements successifs. Guy Mollet, élu en 1956 à la tête du Front républicain, est aussitôt surnommé « le Guy porte malheur ».

Les formules lapidaires, comme « Dans le sac au dos », décrivent avec humour noir l’impasse coloniale qui engloutit ministres et soldats.

Le coup de grâce : de Gaulle

La dernière page est sans appel. Le 13 mai 1958, la République agonisante n’a plus qu’à céder la place à celui qui l’avait déjà fait naître en 1940. Ribaud conclut en citant « Mon général », dont le retour ferme « la parenthèse » ouverte douze ans plus tôt. La IVᵉ s’achève, la Vᵉ s’annonce.

Un récit à la fois drôle et prophétique

Ce texte fonctionne à double niveau. Pour le lecteur de 1958, il s’agit d’un hommage ironique à une République honnie, dont tout le monde dénonçait les lenteurs et l’instabilité. Mais il contient aussi une mise en garde implicite : si la IVᵉ a sombré sous le poids des guerres coloniales et de l’impuissance parlementaire, qu’en sera-t-il de la Vᵉ, à peine née ?

Avec ses surnoms assassins (« Félix Vin », « Ramadier-Ramadan », « Guy porte malheur »), ses métaphores triviales et ses images grotesques (la République accouchant mal, les ministres défilant comme des clones), Ribaud condense en une vingtaine de pages tout ce que Le Canard savait faire : transformer une leçon d’histoire immédiate en une farce cruelle mais éclairante.


👉 Ce texte d’André Ribaud n’est pas seulement une nécrologie de la IVᵉ République, c’est aussi une manière de rappeler que l’humour reste une arme politique. À l’heure où de Gaulle installe sa nouvelle République, Le Canard enchaîné se place déjà en vigie ironique, prêt à tirer à boulets rouges sur le nouveau régime comme il l’avait fait sur l’ancien.