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N° 10 du Canard Enchaîné – 6 Septembre 1916

N° 10 du Canard Enchaîné – 6 Septembre 1916

99,00 

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Probablement la Une la plus censurée dans l’histoire du Canard

1916 : au front, on tombe par milliers ; à l’arrière, un riche embusqué pleure son valet de chambre. Non parce qu’il est mort, mais parce que Baptiste, trois fois cité, croix de guerre et médaille militaire, est devenu un héros… donc impropre à lui remettre ses chaussettes. Dans une une du Canard enchaîné criblée de « Dessin censuré » et « Article censuré », ce conte signé Henry de la Ville-d’Avray (Maréchal) éreinte les planqués et la comédie du patriotisme. La guerre est cruelle, oui, mais surtout pour le confort des embusqués.

 

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Le héros et les chaussettes de l’Embusqué
Henry de la Ville-d'Avray (Maréchal), une du 6 septembre 1916

Un embusqué très bien servi

Septembre 1916 : Verdun n’en finit plus, la Somme engloutit des régiments entiers, et l’arrière découvre un nouveau mot, chargé de rancœur : « embusqué ». C’est lui que choisit Henry de la Ville-d’Avray, alias Maréchal, pour ouvrir cette une du Canard enchaîné – une des plus caviardées de l’histoire du journal, avec ses grands rectangles « Article censuré » et « Dessin censuré » qui encadrent la chronique.

L’Embusqué de service est un bourgeois en pleine force de l’âge, un mètre quatre-vingt-cinq, « d’excellente constitution », et surtout « extrêmement riche ». Autant dire la recrue idéale… pourvu qu’il reste le plus loin possible du front. Par « d’étranges circonstances », il a réussi à se faire affecter à Paris, dans « un service de tout repos », bien au chaud et « loin des champs de bataille ».

Ce qui lui tient vraiment à cœur, ce n’est pas la patrie, mais Baptiste, son valet de chambre, « une véritable perle » qui lui évite jusqu’à l’indignité suprême de mettre lui-même ses chaussettes. Quand la guerre éclate, l’Embusqué consent généreusement au « sacrifice » de son domestique mobilisé, en vivant dans l’espoir de « récupérer Baptiste » une fois la paix revenue.

Quand le héros dérange le confort

La vraie cruauté de la guerre, pour ce monsieur, tombe un matin sous la forme d’une lettre. Baptiste écrit. Il n’a pas été tué. Pire : il a été trois fois cité à l’ordre du jour, promu caporal puis sergent, décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire. Bref, Baptiste est devenu… un héros.

Maréchal pousse alors son personnage jusqu’au burlesque grinçant. L’Embusqué ne se réjouit pas une seconde du courage de son ancien domestique. Ce qui le met « en colère », c’est qu’un héros décoré ne pourra jamais revenir lui servir d’esclave. Comment, en effet, « un héros pourrait-il mettre les chaussettes d’un embusqué ? » La chute est implacable : « La guerre est véritablement cruelle… »

Cette dernière phrase, sous la plume de Maréchal, éclate comme un ricanement. Toute la souffrance réelle – poilus broyés dans la boue, gueules cassées, gazés – est escamotée au profit du minuscule drame social d’un rentier privé de valet. En retournant la compassion du mauvais côté, le Canard montre l’abîme qui sépare l’arrière confortable du front sacrifié.

La une la plus trouée de l’histoire du Canard

Ce petit conte cruel prend une dimension supplémentaire quand on voit sa mise en page. À gauche : un large blanc « Article censuré ». Au centre : un grand rectangle « Dessin censuré ». Comme si la censure militaire avait passé au blanco tout ce qui attaquait trop frontalement l’institution, laissant survivre ce récit apparemment anodin, qui n’égratigne que la bêtise d’un individu.

Mais le lecteur de 1916 n’est pas dupe. L’Embusqué n’est pas qu’un personnage de boulevard : c’est le double caricatural de tous ceux qui, à l’arrière, brassent du patriotisme à l’apéritif pendant que d’autres meurent à leur place. En laissant paraître ce texte coincé entre deux trous de censure, les autorités laissent passer une charge autrement plus corrosive que bien des billets supprimés.

Le Canard, lui, joue à plein de cette typographie mutilée : les blancs parlent autant que les lignes. Sur cette une de septembre 1916, on voit à la fois la main du censeur et celle du satiriste. L’un biffe, l’autre s’arrange pour que la bêtise, la lâcheté et l’égoïsme aient quand même leur portrait. Le héros officiel est au front ; le héros véritable, ici, c’est Baptiste, qu’on ne voit jamais mais qui refuse de rentrer se remettre à genoux.

Et Maréchal signe ce petit chef-d’œuvre de mauvaise foi bourgeoise en rajoutant une cerise acide : son narrateur compatit, bien sûr, à la « détresse » de l’Embusqué. La guerre est cruelle, en effet… surtout pour les chaussettes des planqués.

🖋️ « Le petit jeu » (suite)


Le même principe est prolongé : le Canard persiste à mettre en lumière la mécanique journalistique des « bourreurs de crânes », réduisant la presse patriote à un puzzle de banalités interchangeables.