N° 1005 du Canard Enchaîné – 2 Octobre 1935
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BRAVO, MAURIAC !
Jean Galtier-Boissière félicite François Mauriac pour sa prise de position courageuse et émotive concernant le conflit italo-éthiopien. Galtier-Boissière commence par rappeler que François Mauriac est reconnu comme un grand romancier et un homme d’esprit, illustré par une anecdote où il avait répondu avec humour à une critique de son livre. Cependant, ce qui surprend Galtier-Boissière, c’est la prise de position courageuse de Mauriac sur un sujet politique sensible. Dans un article du Figaro, Mauriac s’exprime contre le racisme et l’injustice du conflit italo-éthiopien, ce qui est d’autant plus remarquable venant d’un écrivain catholique catalogué « de droite » et membre de l’Académie française.
L’indignation de Mauriac a été déclenchée par une caricature de Sennep représentant le Négus, l’empereur éthiopien, dans une position dégradante, tenant un exemplaire de L’Humanité. Mauriac imagine le ressentiment que pourrait éprouver un jeune homme de couleur, surtout si un membre de sa famille avait combattu pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Il critique sévèrement l’hypocrisie et le manque de tact des Français qui affichent un tel mépris envers les Noirs, malgré les sacrifices de ces derniers pour défendre la « civilisation latine ». Mauriac dénonce avec ironie le mépris des noirs et souligne l’absurdité de moquer les Éthiopiens qui se préparent à défendre leur pays contre une invasion. Il remarque avec amertume que les partis révolutionnaires ont compris l’importance de défendre des causes justes, contrairement aux chrétiens qui ont oublié ces valeurs fondamentales.
Galtier-Boissière élargit la réflexion en évoquant l’histoire récente, soulignant que les réactionnaires ont souvent été du côté de l’injustice. Il rappelle que ce sont les mêmes forces réactionnaires qui ont tenté de maintenir Dreyfus au bagne et qui ont manœuvré pour empêcher la réconciliation entre les « ennemis héréditaires ». Selon Galtier-Boissière, les bien-pensants ont perdu leur autorité et leur crédit auprès des masses populaires en raison de leur égoïsme et de leur défense des intérêts financiers au détriment des idées généreuses.
En conclusion, Galtier-Boissière salue François Mauriac pour son humanisme et son courage. Il exprime l’espoir que Mauriac continuera à défendre des causes justes, rejoignant peut-être des groupes plus progressistes et spirituels. Par son exemple, Mauriac rappelle l’importance de défendre les valeurs humaines fondamentales, indépendamment des affiliations politiques ou religieuses. Une fois n’est pas coutume, le Canard salue la position de Mauriac, un des très rares intellectuels de son milieu à condamner l’agression italienne de l’Éthiopie. Galtier-Boissière l’invite à désormais faire preuve de moins de naïveté et de conformisme par rapport à l’ordre établi mais se réjouit sincèrement de la position affichée de l’académicien chrétien.
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