N° 1008 du Canard Enchaîné – 23 Octobre 1935
N° 1008 du Canard Enchaîné – 23 Octobre 1935
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Dans l’article « Le Mutileur », publié dans Le Canard Enchaîné le 23 octobre 1935, Jean Galtier-Boissière livre une critique acerbe de la propagande et de la censure italienne durant la guerre italo-éthiopienne. Il expose les manipulations médiatiques orchestrées par les autorités fascistes italiennes pour contrôler l’information et maintenir une image glorifiée de la campagne militaire. Les correspondants de guerre internationaux, venus couvrir le conflit en Érythrée, furent accueillis avec une hospitalité ostentatoire par le commandement italien. Ils logeaient dans des conditions luxueuses, bénéficiant de divers conforts comme des bars raffinés et des billards russes, sous la supervision du comte Ciano, chef de la propagande et gendre de Mussolini.
Dès leur arrivée, les correspondants furent encouragés par le comte Ciano à se contenter de retransmettre les communiqués officiels italiens, en y ajoutant quelques qualificatifs élogieux. Cependant, les journalistes, souhaitant rendre compte des réalités du terrain, essayèrent d’envoyer des dépêches plus nuancées. Ils mentionnèrent notamment les difficultés logistiques, les conditions climatiques, et le manque de combats sérieux durant les premières phases de l’avance italienne. Ces dépêches, jugées inopportunes, furent systématiquement interceptées par la censure italienne. Le comte Ciano, jouant son rôle de chef de la propagande, modifia ou bloqua les informations avant qu’elles ne parviennent aux journaux internationaux. Ce double rôle lui valut le surnom de « le Mutileur » parmi les correspondants, en référence à sa propension à mutiler la vérité.
Les directeurs de journaux internationaux, frustrés par le manque d’informations véridiques, protestèrent contre cette censure. Ceux qui n’étaient pas soumis à l’influence fasciste demandèrent à leurs correspondants de quitter la zone contrôlée par les Italiens pour se rendre à Addis-Abeba, capitale éthiopienne, afin de couvrir le conflit du point de vue éthiopien. Le départ des correspondants sérieux vers Addis-Abeba signifia que les seuls récits restants en provenance de la zone italienne étaient ceux des reporters sous contrôle fasciste, ce qui nuirait gravement à leur crédibilité. Les lecteurs des journaux à travers le monde commencèrent à douter des communiqués italiens, perçant ainsi la propagande de Mussolini.
Galtier-Boissière conclut en soulignant que les correspondants contraints de rester sous la censure italienne risquaient de devenir des caricatures en répétant les mensonges du régime. Il cite ironiquement des histoires propagandistes, comme celle de l’Ascari blessé voulant retourner au front, pour illustrer le ridicule de la situation. Galtier-Boissière utilise cet article pour dénoncer la manipulation des médias par le régime fasciste italien et pour rappeler que la vérité finit par prévaloir. Il montre que la censure et la propagande, loin de renforcer le régime, finissent par le discréditer aux yeux du monde. En résumé, « Le Mutileur » est une puissante critique de la propagande fasciste, illustrant comment la manipulation de l’information peut être exposée et combattue par un journalisme rigoureux et indépendant.
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