N° 1015 du Canard Enchaîné – 11 Décembre 1935
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Prix Littéraires – Jean Galtier-Boissière raconte une expérience révélatrice lorsqu’il fut membre d’un jury de prix littéraire, offrant une perspective cynique sur les coulisses des prix littéraires.
Lors de cette occasion, un autre membre du jury demanda explicitement à Galtier-Boissière de voter pour le roman de sa femme, ce qui provoqua son indignation. Cette proposition, bien qu’éthiquement douteuse, ne surprit pas les autres membres du jury, qui étaient prêts à couronner l’œuvre médiocre par camaraderie et par solidarité envers l’écrivain en difficulté financière.
Galtier-Boissière et un jeune écrivain révoltés réussirent à faire reporter l’attribution du prix, car les manuscrits soumis étaient de qualité insuffisante. Un journaliste spirituel fit remarquer qu’il fallait toujours savoir à l’avance à qui serait décerné le prix, une stratégie qui fut adoptée l’année suivante en commandant un roman à un jeune écrivain méritant, avec une promesse de couronnement.
Cependant, des membres du jury décidèrent de soutenir un autre candidat à la dernière minute. Après plusieurs tours de scrutin et des politesses feintes, l’écrivain initialement promis au prix l’emporta. Galtier-Boissière décrit avec ironie la fausse camaraderie des membres du jury et le lauréat se voyant promettre un acompte au lieu des dix mille francs promis.
Galtier-Boissière évoque une mésaventure avec l’Académie Goncourt, qui le poursuivit en justice pour avoir relayé une critique interne. Le procès se termina en rire, avec les plaignants condamnés aux dépens. Il déplore certaines erreurs de jugement des Goncourt, qui avaient ignoré des auteurs de talent comme Mac-Orlan et Céline, au profit de candidats moins méritants.
Pour récompenser l’intégrité et le talent littéraire, Galtier-Boissière propose de couronner Paul Léautaud, un écrivain peu connu du grand public mais respecté pour son indépendance d’esprit et la pureté de son style. Léautaud, critique du Mercure de France, se distinguait par sa franchise, refusant les faux-semblants et les flatteries courantes dans le milieu littéraire.
Jean Galtier-Boissière offre une critique acérée et humoristique du système des prix littéraires, dénonçant les manœuvres et les favoritismes qui en ternissent l’intégrité. Il plaide pour la reconnaissance des écrivains authentiques et indépendants, bien que conscient que ceux-ci, à l’image de Paul Léautaud, pourraient refuser une telle consécration.
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