N° 104 du Canard Enchaîné – 26 Juin 1918
N° 104 du Canard Enchaîné – 26 Juin 1918
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L’ANGOISSE DU MERCANTI ou le Compte du Tonneau (Manuscrit trouvé dans une musette), par Henri Béraud
Prosper Grivelot, épicier à Bocard-les-Bois (Meuse) fait sa fortune sur le dos des poilus… Feuilleton paru du 12 au 26 Juin 1918 : troisième et dernière partie.
« Dans les bégonias »
Sous le trait ironique du Canard enchaîné, les larmes deviennent un motif comique. Dans ce numéro de juin 1918, l’anecdote des « bégonias » évoque un patriotisme si surjoué qu’il vire au ridicule. Le journal détourne ainsi le pathos du quotidien de guerre, tout en rappelant son credo : contre le bourrage de crâne, mieux vaut rire que pleurer.
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Le mercanti dans la culture de guerre (1914-1918)
Qui sont les mercantis ?
Le terme « mercanti » désigne, pendant la Grande Guerre, les petits commerçants ou colporteurs installés près du front, qui profitent des besoins des soldats pour leur vendre vin, nourriture, tabac ou objets divers. Ces transactions sont souvent entachées d’abus : prix exorbitants, produits frelatés, tromperies éhontées.
Une figure honnie
Dans la presse, les mercantis deviennent rapidement des boucs émissaires. On les accuse de s’enrichir sur le dos des poilus, de spéculer sur la souffrance et de trahir l’esprit de solidarité nationale. Leur caricature est celle du vendeur sans scrupules, au sourire avide et aux mains sales, écoulant pinard coupé à l’eau et denrées avariées.
Les mercantis et les femmes
À cette figure masculine s’ajoute son pendant féminin : cabaretières ou débitantes de vin, parfois assimilées à des « ribaudes ». Dans l’imaginaire satirique, elles cumulent cupidité et séduction équivoque, transformant leur commerce en double exploitation des soldats : économique et sexuelle.
Un enjeu social et moral
Au-delà des clichés, la présence des mercantis révèle un problème réel : l’armée n’était pas toujours capable d’assurer un ravitaillement suffisant, et ces commerces remplissaient une fonction parallèle. Mais la critique des mercantis exprime aussi une angoisse morale : comment préserver le patriotisme et la dignité dans un contexte où la guerre alimente trafics et compromissions ?
Pourquoi le Canard s’en empare
Le Canard enchaîné met en scène cette figure honnie pour en tirer un effet satirique. Le mercanti et sa complice deviennent des personnages grotesques, symboles de l’arrière indigne. Cette dénonciation, à la fois drôle et cruelle, permet au journal de se poser en défenseur des poilus, contre ceux qui les exploitent jusque dans les villages proches du front.