N° 1060 du Canard Enchaîné – 21 Octobre 1936
59,00 €
En stock
Petite Histoire Franco-Belge, par Jean Galtier-Boissière – Jean Galtier-Boissière commente la déclaration récente de la Belgique, exprimée par son jeune roi, Léopold III. La Belgique souhaite désormais éviter de servir de champ de bataille pour ses voisins et affirme sa volonté de ne prendre les armes que pour défendre ses intérêts nationaux.
Avant la Première Guerre mondiale, la Belgique était considérée par les états-majors français et allemands comme un terrain de manœuvre idéal. Les plans français incluaient l’invasion de la Belgique en cas de conflit avec l’Allemagne, mais le gouvernement civil français avait réussi à convaincre les militaires d’abandonner cette idée pour ne pas froisser la Belgique.
Les dirigeants français comprenaient qu’il valait mieux laisser l’Allemagne violer la neutralité belge pour s’assurer l’intervention de l’Angleterre, protectrice d’Anvers et opposée à la conquête allemande. Cela amènerait également l’opinion mondiale à se ranger contre l’agresseur.
Lorsque les Allemands envahirent la Belgique en 1914, espérant une neutralité britannique et un passage libre de la part du roi belge Albert Ier, marié à une princesse allemande, ils furent confrontés à une résistance inattendue. Bien que l’héroïque défense de Liège soit souvent citée comme ayant retardé les Allemands, les critiques militaires modernes contestent cette idée, soulignant que l’invasion allemande suivit son cours prévu.
Le roi Albert fit appel à la France pour une aide militaire, mais l’état-major français, suivant son plan, refusa de s’engager pleinement en Belgique. Les renforts furent insuffisants, et l’armée belge dut se retirer, laissant le pays occupé par les Allemands. La capitale provisoire belge fut transférée au Havre, tandis que le roi restait avec ses troupes sur le dernier bout de terre belge libre.
Après la guerre, la Belgique resta fidèle à la France et à la Société des Nations (S.D.N.). Cependant, la récente déclaration de neutralité par la Belgique marque un revirement, motivé par la perte de confiance dans la SDN après son incapacité à protéger l’Éthiopie et par les tensions internes dues au mouvement rexiste de Léon Degrelle, un populiste fasciste.
Degrelle, charismatique et expert en publicité, a su exploiter les scandales contre les partis traditionnels pour renforcer son mouvement, qui a trouvé des alliés parmi les nationalistes flamands pro-allemands. La position du roi Léopold III est devenue délicate, et sa déclaration vise à unifier le pays sous un sentiment commun de pacifisme.
La déclaration de Léopold III, bien que pacifiste, vise également à justifier une augmentation des crédits militaires au Parlement. Elle signale l’abandon d’une mystique collective et avertit d’autres nations du danger de s’engager dans des conflits non essentiels sous le prétexte de sécurité collective.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock