N° 1067 du Canard Enchaîné – 9 Décembre 1936
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André Gide Retour de l’U.R.S.S., par Jean Galtier-Boissière – Cet article critique la vision d’André Gide sur l’U.R.S.S. après son retour de Moscou, détaillant sa déception face à la réalité soviétique par rapport à ses attentes révolutionnaires.
Depuis vingt ans, les visiteurs de l’U.R.S.S. étaient accueillis avec scepticisme à leur retour, qu’ils soient enthousiastes ou critiques. Gide, écrivain de renommée mondiale et ancien fervent soutien du communisme, offre un témoignage difficile à contester. Sa voix est d’autant plus significative dans le contexte des idéologies conflictuelles en Europe.
Contrairement aux visiteurs précédents, impressionnés par les avancées industrielles et militaires, Gide se concentre sur les aspects humains et psychologiques. Bien qu’il loue certaines réalisations soviétiques, notamment en faveur des enfants et de la santé, il est profondément troublé par la « dépersonnalisation » des citoyens soviétiques. Cette uniformité et la perte d’identité individuelle sont pour lui des signes inquiétants d’un régime oppressif.
Gide critique sévèrement l’absence de liberté sous le régime soviétique : pas de liberté de presse, de réunion, ou d’opinion. Les citoyens vivent dans une ignorance imposée, alimentée par la propagande d’État, et développent un complexe de supériorité absurde. Il note l’indifférence des Russes envers les réalisations étrangères, révélant un isolement dangereux.
La réintroduction de l’inégalité des salaires a conduit à la formation d’une nouvelle bourgeoisie, contredisant les idéaux révolutionnaires. Gide observe que ceux qui restent fidèles à l’esprit révolutionnaire sont marginalisés, tandis que le conformisme est récompensé. Toute critique du régime est sévèrement réprimée, créant un climat de terreur comparable à celui de l’Allemagne nazie.
Gide constate avec amertume que le peuple russe, après vingt ans de révolution, se retrouve sous une dictature similaire à celle des tsars, mais cette fois-ci dirigée par un seul homme. Le grand espoir de la révolution, qui devait libérer et épanouir les libertés, s’est transformé en un système oppressif. Gide conclut que la réalité soviétique est exactement ce que les révolutionnaires ne voulaient pas.
Anticipant les critiques, Gide insiste sur l’importance de la vérité et de la liberté de pensée. Il se place dans la lignée de Charles Péguy, affirmant que le mensonge, même par omission, ne peut être justifié. Gide ne renie pas ses idéaux révolutionnaires, mais espère un redressement de l’expérience russe. Il croit en la possibilité de corriger les erreurs et de retrouver la voie vers une véritable libération humaine.
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