Dans l’article Refus d’obéissance publié le 17 février 1937 dans Le Canard Enchaîné, Jean Galtier-Boissière commente une déclaration poignante de Jean Giono sur l’absurdité de la guerre. Giono, marqué à jamais par son expérience de soldat pendant la Première Guerre mondiale, refuse d’oublier les horreurs du conflit, contrairement à beaucoup de ses contemporains.

Giono se distingue des vétérans glorifiant leurs médailles. Ayant servi dans l’infanterie, il compare sa compagnie à un boisseau de blé continuellement vidé et rempli de nouveaux hommes envoyés à la mort. À vingt ans, influencé par des professeurs et des écrivains patriotiques, il s’est jeté dans la guerre, mais en est sorti déterminé à se souvenir et à lutter contre la répétition de tels massacres.

Giono critique sévèrement l’obéissance aveugle qui pousse d’anciens pacifistes à accepter de nouvelles guerres sous prétexte de protéger les générations futures. Il rejette cette justification, soulignant que les sacrifices demandés au nom de l’avenir sont souvent vains et manipulatifs. Giono prône la méfiance envers les bâtisseurs d’avenir qui nécessitent le sacrifice des vivants pour des promesses incertaines.

Galtier-Boissière partage l’inquiétude de Giono face à la préparation psychologique qui pousse les masses à accepter la guerre. Il évoque une expérience personnelle lors d’un meeting pour la paix, où, malgré des discours pacifistes initiaux, l’assemblée fut finalement conduite à un appel aux armes. Cette contradiction révèle la complexité des opinions et la facilité avec laquelle les masses peuvent être manipulées.

Ce récit met en lumière l’importance de la vigilance face aux discours bellicistes et aux justifications fallacieuses de la guerre. Galtier-Boissière conclut en soulignant la nécessité de résister aux pièges tendus par ceux qui cherchent à provoquer des conflits, qu’ils soient motivés par des intérêts économiques, idéologiques ou politiques.