N° 1080 du Canard Enchaîné – 10 Mars 1937
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Dans l’article Noblesse et République, publié le 10 mars 1937 dans Le Canard Enchaîné, Jean Galtier-Boissière explore avec ironie et critique l’évolution et la prolifération des titres de noblesse, comparant les pratiques sous l’Ancien Régime et la République.
Henri Bellamy, dans son ouvrage « Vraie et fausse noblesse », démontre que les faux nobles existaient déjà sous l’Ancien Régime. Les rois de France utilisaient les titres de noblesse comme source de revenus en annulant périodiquement les anoblissements et en instituant des commissions de recherche pour confirmer les titres moyennant des redevances substantielles. Cette vente de titres se faisait sous prétexte de récompenses pour services militaires ou financiers, mais souvent, les titres étaient simplement achetés.
Galtier-Boissière souligne un paradoxe : la République, malgré ses principes égalitaires, a généré plus de « nobles » que l’Ancien Régime, et ce, sans en tirer de profit. Depuis 1871, il est facile d’obtenir un changement de nom au Conseil d’État, permettant à de nombreux citoyens d’ajouter une particule à leur nom sans frais, souvent pour des raisons de commodité ou pour éviter des homonymies gênantes.
Galtier-Boissière donne plusieurs exemples : Edgar-Franz Weiner devient Weiner Decroisset, et finit par se faire appeler Decroisset. Schwob, maire d’Héricourt, devient Schwob d’Héricourt, puis simplement d’Héricourt. Duvillar, enrichi par la gestion des ordures ménagères, achète une campagne nommée Villars et devient de Villars.
La papauté, comme les rois de France, vend des titres. Galtier-Boissière mentionne M. Frisch de Fels, devenu comte en 1887, et d’autres financiers juifs comme Mardochée Cahen et Oppenheim, devenus respectivement comte romain et baron. Il relate une anecdote amusante où Cahen signe une lettre « C. d’Anvers » et Oppenheim répond avec esprit « O. de Cologne ».
Galtier-Boissière soutient la proposition de Henri Bellamy, qui suggère de taxer les titres de noblesse. Il propose que les titres authentiques soient enregistrés gratuitement tandis que les faux titres soient lourdement taxés. Cette taxe sur la vanité pourrait générer des revenus substantiels pour l’État, surtout si l’on considère que, selon les généalogistes, trois titres sur quatre arborés en 1937 sont faux.
Galtier-Boissière conclut en soulignant l’ironie d’un État républicain qui permet la prolifération des titres de noblesse sans en tirer profit et suggère qu’une taxe sur ces titres, proportionnelle à leur vanité, pourrait être une source de revenus intéressante. Il se moque des arguments réactionnaires qui trouvent « inélégant » de taxer la gloire des vieilles familles françaises.
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