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N° 110 du Canard Enchaîné – 7 Août 1918

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BIEN QUE… – UNE HEURE chez Monsieur Gustave Hervé, par Henri Béraud

Dans cette édition de l’été 1918, Henri Béraud livre deux pièces de bravoure : une charge féroce contre Maurice Barrès, accusé de cynisme patriotard, et un portrait satirique au vitriol de Gustave Hervé, ancien révolutionnaire devenu apôtre de l’ordre et des prisons. Deux destins inversés, deux renégats à leur manière, disséqués avec l’art corrosif de Béraud, maître du pamphlet qui, en pleine guerre, ne pardonne ni l’opportunisme ni les volte-face spectaculaires.

Bonne réplique, dessin de Marcel ArnacConfidences, dessin de Jif

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

L’édition du 7 août 1918 du Canard enchaîné s’ouvre sur un double coup de plume d’Henri Béraud, qui prend pour cibles deux figures marquantes de la vie intellectuelle et politique de la Belle Époque : Maurice Barrès et Gustave Hervé. À travers eux, c’est tout un paysage de revirements, d’ambitions et de contradictions que le satiriste met en lumière, révélant l’âpreté des luttes idéologiques dans un pays épuisé par quatre ans de guerre.

Dans « Bien que… », Béraud met en scène un Barrès outré, furieux de voir sa réputation attaquée dans la presse. L’auteur de La Colline inspirée, devenu figure de proue du nationalisme belliqueux, est présenté comme un personnage théâtral, presque ridicule dans sa colère. Sa gesticulation verbale – « j’ai dit, j’ai dit, j’ai dit » – rappelle davantage les caprices d’un enfant que la stature d’un homme d’État. Béraud joue sur l’opposition entre l’image austère que Barrès veut donner de lui-même et la trivialité de ses emportements. En filigrane, il dénonce le cynisme de celui qui, après avoir exalté le romantisme national, se complaît désormais à prêcher la haine des « défaitistes » et des « bolcheviks ». C’est un portrait d’impuissance : celui d’un écrivain enfermé dans ses slogans, incapable de mesurer l’épuisement d’un peuple.

Avec « Une heure chez Monsieur Gustave Hervé », Béraud s’attaque à un autre symbole, mais dans un registre tout aussi caustique. Hervé, ancien agitateur antimilitariste, jadis « fou furieux » du socialisme révolutionnaire, est devenu l’apôtre de la discipline, de la police et des prisons. L’homme qui autrefois appelait les conscrits à refuser de marcher se vante désormais d’avoir inspiré des lois répressives et d’avoir « supprimé le divorce ». Béraud dresse un portrait glaçant de ce renégat, satisfait de son parcours de converti, et qui justifie sa trahison en invoquant la stabilité sociale et l’ordre public. La scène décrite dans son hôtel particulier, saturée d’images d’orgueil et de ridicule, montre un Hervé vieilli, jouant à l’homme d’État mais prisonnier de son reniement. L’ironie atteint son comble lorsque l’ancien révolutionnaire se vante de « coiffer les socialistes à la pelle », tournant sa mue idéologique en grotesque performance de bourreau.

La juxtaposition de ces deux portraits n’est pas fortuite. En choisissant Barrès et Hervé, Béraud illustre la faillite d’une génération intellectuelle : l’un s’enferme dans un nationalisme hystérique, l’autre dans une réaction autoritaire. Tous deux, à leurs manières, se sont éloignés de leurs idéaux premiers – l’un du romantisme de la jeunesse, l’autre de l’utopie révolutionnaire – pour se réfugier dans une posture de gardiens d’un ordre qui s’effondre. Le Canard s’en donne à cœur joie : derrière l’amusement, il y a le constat d’une défaite morale qui s’ajoute à la guerre en cours.

Ainsi, l’édition du 7 août 1918 met en évidence une leçon plus large : les renégats, qu’ils soient patriotes exaltés ou révolutionnaires repentis, finissent par devenir les caricatures d’eux-mêmes. Barrès et Hervé ne sont plus que des personnages de comédie, et Béraud, en pamphlétaire, s’assure que ses lecteurs en rient autant qu’ils s’en indignent.