N° 116 du Canard Enchaîné – 18 Septembre 1918
N° 116 du Canard Enchaîné – 18 Septembre 1918
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CHERS DÉPUTÉS…, par Henri Béraud
En septembre 1918, Henri Béraud s’adresse aux députés avec un mélange de causticité et de verve populaire. Dans Le Canard enchaîné du 18 septembre, il leur rappelle que, pendant qu’ils applaudissent à l’Assemblée, le peuple, lui, supporte la guerre et attend des comptes. Avec des métaphores assassines et un humour qui mord plus fort qu’un coup de trique, Béraud règle leur sort aux parlementaires trop prompts à se féliciter eux-mêmes. Un texte qui résonne encore comme une leçon de responsabilité politique.
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L’article de Henri Béraud, publié en une du Canard enchaîné le 18 septembre 1918, est une charge en règle contre les députés de la Chambre. Le titre, « Chers députés… », sonne comme une apostrophe ironique : derrière la politesse de façade, se cache une vigoureuse réprimande.
Béraud prend pour point de départ une formule de Clemenceau, prononcée devant les élus : « Aux hommes qui viendront, la suite du labeur. » Une phrase accueillie, nous dit-il, par des tonnerres d’applaudissements. Mais l’auteur dégonfle immédiatement cette emphase. Pour lui, ce triomphe parlementaire est une mascarade : si les élus se réjouissent tant de confier « la suite du labeur » à d’autres, c’est qu’ils se déchargent de leurs responsabilités, laissant au peuple et aux générations futures le poids de la guerre et de ses suites.
Le texte déploie alors tout l’arsenal satirique de Béraud. Comparant les députés à des Louis XV déguisés en souverains, prompts à se pavaner comme des rois sans couronne, il les accuse de complaisance et d’oisiveté. Il convoque aussi l’image du « brébis qui bêle perd sa goulée » : à force d’applaudir, les élus risquent de ne plus jamais « passer à la caisse », autrement dit, assumer leurs devoirs.
La charge est d’autant plus virulente que l’article se situe dans un contexte d’épuisement national. La guerre dure depuis quatre ans, « plus long qu’une législature », rappelle Béraud. Le peuple, lui, a appris à « nager dans le pétrin » : soldats dans les tranchées, ouvriers et familles à l’arrière, tous connaissent l’effort et le sacrifice. En face, les parlementaires se contentent de s’autocongratuler. L’ironie de l’auteur culmine dans des images absurdes : si la Chambre continue ainsi, prévient-il, « la guerre serait fichue de s’arrêter », les « pommes de terre de sortir des caves » et « le Tigre serait capable de sourire ». Manière de dire que l’impossible lui-même pourrait survenir avant que les députés se décident à faire leur devoir.
En somme, cet article illustre la verve de Béraud au Canard enchaîné : incisive, populaire, appuyée sur des anecdotes de village et des proverbes campagnards, mais toujours tournée vers une critique politique féroce. En s’adressant directement aux élus, il joue la voix du peuple qui grogne, rappelant que les applaudissements de la Chambre n’effaceront ni la fatigue ni les sacrifices d’une France qui, elle, continue de tenir.





