L’article Vous sentez-vous menacés ? par André Guérin, publié dans Le Canard enchaîné le 26 avril 1939, utilise la satire pour critiquer la gestion gouvernementale des problèmes économiques et sociaux sous le gouvernement de Paul Reynaud. Guérin parodie la manière dont les autorités tentent de minimiser le mécontentement populaire face aux nouvelles mesures économiques.

Le texte commence par une comparaison entre la circulaire allemande qui demande à ses voisins s’ils se sentent menacés et une initiative similaire de Paul Reynaud pour sonder l’opinion publique française. Guérin met en scène différents acteurs sociaux, chacun répondant de manière ironique à la question de savoir s’ils se sentent menacés par les nouvelles politiques.

Le lampiste, représentant la classe ouvrière, est présenté comme quelqu’un qui accepte stoïquement les réductions d’indemnités, les surtaxes et même la mobilisation, illustrant ainsi l’absurdité de la situation. Le consommateur, pour sa part, tourne en dérision les taxes sur les produits alimentaires, soulignant avec sarcasme que cela met fin à la « suralimentation » en France. Ce passage critique indirectement la politique d’austérité alimentaire imposée par le gouvernement.

Le fraudeur du fisc, représentant les milieux plus aisés, est décrit de manière à mettre en évidence l’inefficacité des décrets-lois censés lutter contre la fraude fiscale. Guérin ironise sur le fait que ces lois, loin de décourager les fraudeurs, semblent plutôt les encourager à poursuivre leurs activités illégales.

En utilisant l’humour et l’ironie, Guérin dénonce l’inadéquation des politiques de Reynaud face aux réalités économiques et sociales de l’époque. L’article souligne la déconnexion entre les mesures gouvernementales et les véritables besoins et préoccupations des citoyens, tout en mettant en lumière l’injustice perçue par différentes couches de la société.