N° 1209 du Canard Enchaîné – 30 Août 1939
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Le retour d’Anastasie, Dame censure
« Mais enfin, pourquoi vous obstinez-vous à vous appeler Canard Enchaîné ? Il n’y a plus de censure ». Si le Canard s’était effectivement « déchainé » du 15 octobre 1919 (No 172) au 28 avril 1920 (No 200), il avait vite repris son titre, avec clairvoyance, « se doutant bien, parbleu ! que cette liberté apparente n’était pas du cousu main, et que les temps difficiles reviendraient ».
C’est le cas avec le décret du 27 août 1939, qui rétablit la censure, pour de nombreux secteurs : presse écrite, radio, cinéma, théâtre, publicité, chansons… Elle relève du Commissariat général à l’information, créé le 29 juillet 1939, dont la Direction de la presse et du contrôle est confiée à l’écrivain Jean Giraudoux, cornaqué cependant par les militaires du 2ème Bureau.
Comme sa devancière en 1914-1919, davantage peut-être, la censure de 1939-1940 fut injuste, arbitraire et incohérente. Elle « caviarda » toute appréciation pouvant porter atteinte au moral de la nation et toute expression d’un sentiment pacifiste. Pour le Canard, les échos politiques étaient particulièrement visés, et, à partir de ce numéro, il parut avec des coupures (des blancs) plus ou moins importantes. Contrairement à la règle qui voulait que les articles censurés soient remplacés, le Canard laissa des blancs dans ses colonnes, jusqu’à l’arrêt de sa publication le 5 juin 1940. Cependant, à compter de novembre 1939, il les orna soit de caricatures d’Anastasie avec ses ciseaux, soit de dessins ou de commentaires ironiques.
SP
Dans ce numéro du 30 août 1939, André Guérin écrit « C’est dans ce même esprit que nous saluerons vingt ans après le retour -enfin- aux saines traditions de la grande époque des Nusillard et des Jules Gauthier. Et tous les espoirs redeviennent permis, en quelque sorte. À l’hôtel Continental ont tenu à fêter autour d’une table la joie qu’ils éprouvent à se trouver réunis, le plus franc optimisme est du reste le seul sentiment de mise. Au dessert, Jean Giraudoux s’est levé, dans une improvisation d’une belle venue, définir brièvement les devoirs qui incombent désormais à ses dévoués collaborateurs : – En principe, a-t-il exposé, dans un pays comme le nôtre, tout peut être dit et répété. Parmi les rares sujets à réserver, et même à interdire purement et simplement, je citerai simplement : la personne de M. Mussolini ; celle de M. Hitler ; la question de Dantzig ; l’attitude de l’Angleterre ; la guerre de Troie. C’est tout. (…). »
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