L’article satirique Une touchante cérémonie marque le retour du millionième épuré, écrit par Henri Rochon et publié dans Le Canard Enchaîné le 6 juin 1945, se moque ironiquement de la cérémonie organisée pour accueillir le millionième individu « épuré » en France à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Rochon débute en notant une coïncidence troublante : alors qu’une cérémonie grandiose est organisée pour accueillir le millionième rapatrié, une autre manifestation similaire est mise en place pour marquer le retour du millionième « épuré ». Le ton satirique s’intensifie lorsque l’auteur décrit l’accueil somptueux réservé à cet individu provenant de la prison de Fresnes, avec la participation de nombreuses personnalités issues de divers secteurs.

L’épuré d’honneur, après avoir rempli les formalités de libération et « largement aspergé son dossier de poudre D.D.T. », prend la parole de manière ironique en exprimant sa satisfaction de ne pas être le dernier, promettant de « faire mieux la chaîne fois ». Il évoque de façon absurde les conditions de détention, comme le fait de ne pas avoir reçu de beurre pour ses tartines, provoquant des réactions amusées dans l’assistance.

M. Teitgen, nouvellement nommé ministre de la Justice, joue également un rôle dans cette farce, se référant à lui-même comme un « spécialiste du blanchissage » en parlant des « demi-mesures » prises dans le processus d’épuration.

L’article se termine sur une note burlesque avec l’épuré évoquant les revendications à venir de ses camarades, incluant des demandes de vêtements et de chaussures, puis fait référence à une scène de divertissement qui se termine par une chanson ironique de Maurice Chevalier sur l’épuration.

En résumé, l’article de Rochon se moque de la pompe et du formalisme entourant les cérémonies d’accueil des épurés à la fin de la guerre, en soulignant l’absurdité de certaines réclamations et le contraste entre les discours officiels et la réalité vécue par ces individus.