L’article La Brigade Spéciale Économique enlève une position rue de Grenelle par A. Breffort, publié dans Le Canard Enchaîné le 4 juillet 1945, décrit avec un ton satirique les efforts menés par le ministre de la Sous-Alimentation, M. Pineau, pour lutter contre le marché noir en France d’après-guerre.

L’article commence par expliquer que sous la direction de M. Pineau, la lutte contre le marché noir a pris des allures de guerre où aucun prisonnier n’est fait. Suite à une hausse des prix, plusieurs descentes de police ont été menées, notamment dans le quartier de Belleville, où une intervention rue Robert-Houdin a été couronnée de succès.

L’auteur décrit ensuite une scène à la rue de Grenelle, habituellement austère, qui s’anime grâce à une activité intense de marché noir. Des vendeurs et des acheteurs, souvent des personnes d’apparence respectable, s’adonnent à des échanges insolites. Par exemple, un homme en jaquette propose une paire de ciseaux contre une balance de la Justice, tandis qu’un autre vend des vestes réversibles appelées « électorales ». La scène inclut aussi des ventes plus surprenantes comme des peaux de banane, des pelures d’orange, et même des documents diplomatiques et des pactes de non-agression.

L’intervention de la police est décrite de manière théâtrale : un car de la police barre la rue, des ordres sont donnés, et tous les délinquants sont emmenés au dépôt. Cependant, l’humour réside dans la tournure des événements : avant même que les interrogatoires ne commencent, un coup de téléphone mystérieux de « M. X » mène à la libération de tous les délinquants.

L’article se termine en décrivant les efforts de la police pour identifier « M. X », en ciblant tous les individus prénommés Xavier et en coupant le téléphone à tous les X de l’annuaire des P.T.T. Le chef de la police, M. Luizet, reste confiant, affirmant que la « route du flair » n’est pas fermée, illustrant encore une fois l’absurdité et la complexité de la situation.