Dans son article Accusés, lavez-vous ! Une première série d’acquittements au procès Pétain publié le 1er août 1945 dans Le Canard Enchaîné, R. Tréno aborde avec une ironie mordante le procès du maréchal Pétain et ses co-accusés, grands noms de la Troisième République. Tréno souligne l’attitude indifférente de Pétain pendant le procès, expliquant qu’il ne reconnaissait pas les personnes venues témoigner contre lui, puisque c’était la première fois qu’ils lui tournaient le dos et parlaient avec tant d’indépendance.

L’auteur commence par mentionner Paul Reynaud, ancien président du Conseil, qui s’est défendu avec assurance et a démontré qu’il avait agi dans le meilleur intérêt du pays en juin 1940. Le président du tribunal, Mongibeaux, le remercie et l’acquitte. Ensuite, Tréno passe à Édouard Daladier, le « taureau », qui, avec des chiffres à l’appui, prouve qu’il avait rendu l’armée française la plus puissante du monde, ce qui lui vaut également un acquittement.

Jules Jeanneney, un autre accusé, est dépeint comme ayant stupéfié l’assemblée par son éloquence, prouvant son engagement jacobin et son effort pour restaurer la République, ce qui lui vaut aussi d’être acquitté. Albert Lebrun, ancien président de la République, est montré comme un personnage méconnu mais courageux, qui lutta pour la République jusqu’à la fin et fut également acquitté.

Tréno note avec sarcasme que le procès a vu des figures de la justice comme le procureur Mornet et le président Caous se défendre, en plaisantant sur l’inversion des rôles. Les magistrats réussissent finalement à se justifier honorablement.

L’article conclut que malgré les idées reçues, les hommes de 1940, même accusés, étaient des individus énergétiques et de bonne trempe, rejetant ainsi l’image d’une République délaissée. Tréno utilise l’humour et la satire pour souligner l’absurdité des acquittements et critiquer la manière dont les anciens dirigeants se défendent en se lavant de leurs responsabilités.