N° 132 du Canard Enchaîné – 8 Janvier 1919
N° 132 du Canard Enchaîné – 8 Janvier 1919
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8 janvier 1919 : les lendemains qui déchantent
Dans son numéro du 8 janvier 1919, Le Canard enchaîné publie en une un article titré « Mauvais exemple ». À peine deux mois après l’armistice, le journal raille déjà les contradictions des vainqueurs. Tandis que les discours promettent une paix juste et durable, les comportements des Alliés rappellent étrangement les travers des régimes qu’ils prétendent condamner. L’ironie du Canard souligne ce paradoxe : comment construire un monde nouveau si les vainqueurs reproduisent les vieilles recettes de la domination ? À chaud, l’hebdomadaire pointe les fissures d’une paix encore fragile.
A la manière de…, dessin de Raoul Guérin –
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Un « mauvais exemple » pour la paix
Quand la victoire menace de tourner au piège
Le numéro 132 du Canard enchaîné, daté du 8 janvier 1919, reflète l’atmosphère ambiguë des semaines qui suivent l’armistice. La guerre est terminée, l’enthousiasme est encore vif, mais déjà les signes de désillusion apparaissent. Dans son article en une, « Mauvais exemple », le journal s’attaque au décalage entre les proclamations des dirigeants alliés et la réalité des pratiques politiques et militaires.
Le texte dénonce une hypocrisie fondamentale : on parle de paix universelle et de respect du droit, mais dans le même temps on entretient des réflexes de force, d’occupation et de revanche. Au lieu de montrer l’exemple d’une réconciliation magnanime, les vainqueurs donnent à voir celui d’une paix punitive, qui risque d’alimenter les rancunes de demain.
Le procédé satirique est efficace : en soulignant que les vainqueurs donnent un « mauvais exemple », le Canard suggère qu’ils sapent eux-mêmes les fondements de l’ordre nouveau qu’ils prétendent bâtir. Le titre, lapidaire, dit tout : si la paix doit ressembler à une guerre prolongée sous un autre nom, alors l’avenir sera compromis.
Cet article illustre l’audace du journal : au moment même où la presse dominante glorifie les triomphes de la France et de ses alliés, Le Canard enchaîné ose prendre la posture du sceptique. Plutôt que d’acclamer les grands hommes, il met en garde contre leurs contradictions. C’est là une constante de sa ligne éditoriale : refuser la complaisance, rappeler que la victoire n’absout pas les abus de pouvoir.
Avec le recul, ce texte prend un relief prophétique. Les historiens s’accordent à dire que le traité de Versailles, signé quelques mois plus tard, portait en lui les germes de nouveaux conflits. Dès janvier 1919, Le Canard pressent ce danger et l’exprime dans son langage ironique.
En choisissant de titrer « Mauvais exemple », le journal lance une alerte : la paix ne sera solide que si elle se distingue radicalement de la guerre. Or, déjà, l’Europe semble en train de rater ce rendez-vous.
FARCES LYONNAISES
Notre ami Henri Béraud vient de publier aux Annales, une étude sur l'Humour des Gones et la gaîté lyonnaise.
Il s'agit dans ce numéro de la seconde partie. Cette étude humoristique décrit l'esprit farceur et la gaîté cachée des habitants de Lyon, souvent perçus à tort comme sérieux et moroses. L'auteur commence par critiquer le stéréotype des Lyonnais comme des corbeaux, soulignant que leur humour se manifeste souvent en privé. Il utilise l'exemple de Guignol, une figure emblématique du rire à Lyon, pour illustrer cette idée. Les anecdotes racontées mettent en lumière l'esprit facétieux des Lyonnais, comme celle du monument inauguré par M. Justin Godart, où les géomètres déclarent que le milieu de la place se trouve dans un coin. Des situations cocasses sont également décrites, comme celle du compagnon qui coupe le cigare de manière peu conventionnelle ou celle du machiniste des Célestins qui joue des tours à ses concitoyens. Une mention est également faite de M. Augagneur, surnommé "l'Empereur", qui installe une illumination sarcastique lors de la canonisation de Jeanne d'Arc, provoquant une réaction hilarante des habitants de Lyon et une gêne chez les autorités ecclésiastiques. En conclusion, l'auteur souligne le caractère enjoué et plein d'esprit des Lyonnais, défiant ainsi l'image traditionnelle de la ville comme étant austère et sérieuse.