N° 135 du Canard Enchaîné – 29 Janvier 1919
N° 135 du Canard Enchaîné – 29 Janvier 1919
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Janvier 1919 : la paix convoquée
Le Canard démonte les grandes messes diplomatiques
Le 29 janvier 1919, Le Canard enchaîné publie en page intérieure « Convocations » et, en une, un texte d’Henri Béraud : « Une conférence de la guerre ». Alors que la Conférence de la paix de Paris réunit les dirigeants alliés, le journal tourne en dérision ces rendez-vous solennels où l’on proclame la paix avec des accents martiaux. Béraud s’amuse à montrer que, sous couvert de diplomatie, les discussions ressemblent à s’y méprendre à des conseils de guerre. Le contraste entre la pompe officielle et la verve satirique du Canard éclaire les illusions d’un ordre mondial qu’on dit neuf mais qui recycle les vieux réflexes.
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Quand la conférence de la paix ressemble à une conférence de guerre
Le Canard enchaîné et l’art du désenchantement
Le 29 janvier 1919, la Conférence de la paix bat son plein à Paris. Clemenceau, Wilson, Lloyd George et Orlando entendent refonder l’ordre international sur les ruines de la guerre. Toute la presse française couvre avec emphase cette rencontre historique, censée accoucher d’un monde nouveau. Mais Le Canard enchaîné choisit, fidèle à sa ligne, de traiter l’événement sur le mode satirique.
En une, le court texte intitulé « Convocations » épingle l’absurdité de la solennité diplomatique. Les grandes annonces de la Conférence sont présentées comme des convocations scolaires ou des convocations au tribunal : autant dire que la gravité des discours officiels se dissout dans le rire. Par ce biais, le Canard rappelle que les mots pompeux ne suffisent pas à créer la paix.
Henri Béraud, dans « Une conférence de la guerre » (p. 3), va plus loin. Son texte met en évidence le paradoxe fondamental : sous couvert de préparer la paix, les discussions adoptent les logiques mêmes de la guerre. La Conférence ressemble à un état-major, où les vainqueurs définissent sanctions, réparations et partages territoriaux avec une rigueur martiale. Le terme même de « paix » paraît usurpé : il s’agit plutôt de dicter les conditions de la victoire.
Le style de Béraud, fait de verve journalistique et de sarcasme, dégonfle le prestige des « Quatre grands ». Plutôt que des prophètes d’un monde nouveau, il les peint en stratèges de l’ancien monde, soucieux d’intérêts nationaux plus que d’idéaux universels. La « conférence de la paix » devient ainsi, dans le miroir du Canard, une caricature de conférence militaire.
Cet épisode illustre la force de l’hebdomadaire satirique : refuser les illusions de l’instant pour en dévoiler les contradictions. En janvier 1919, tout incite à l’enthousiasme ; Le Canard choisit le scepticisme. À travers l’humour, il révèle une vérité dérangeante : si la paix est construite avec les outils de la guerre, elle risque d’en porter la marque.
Avec « Convocations » et l’article de Béraud, le journal se fait la mauvaise conscience de son époque, rappelant que la paix véritable exige autre chose que des réunions solennelles et des signatures prestigieuses.





