N° 1374 du Canard Enchaîné – 22 Janvier 1947
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16 janvier 1947, l’élection de Vincent Auriol (1884-1966) à la présidence de la République (il inaugure la fonction sous la IVème République naissante et devient le premier chef d’Etat socialiste en France). Dure époque : inflation des produits alimentaires, restrictions, pénuries, marché noir, dévaluation brutale du franc, grèves…
Dans le numéro 1374 du Canard enchaîné du 22 janvier 1947, Tréno, le rédacteur en chef, lui adresse une prière :
– Grand saint Vincent, Ô saint Vincent auréole,
Puisque te voilà maintenant dans une belle niche, où tu renoues la tradition des saints méridionaux, des saings avé l’assent, qui du bienheureux Emile de la Drôme (*) à saint Gastounet d’Aigues-Vives (**), en passant par saint Armand du Loupillon (***), nous valurent de si heureux septennats.
Fasse que le tien redevienne celui des vaches grasses.
Parce que les vaches maigres, on en a, si l’on ose dire, soupé
Ô saint Vincent, intercède auprès du Tout Puissant, c’est-à-dire du producteur, celui dont la devise est « Cheptel est notre bon plaisir »…
Supplie-le d’être moins vache.
Impose lui un maximum vital.
Coffre-le, s’il le faut, pour attentat à la sûreté de l’État.
Saint Vincent, fais pour nous un miracle…
De miracle il n’y eut pas, Auriol finit son septennat en 1954, sans solliciter un second mandat. SP
NdR: (*) Emile Loubet (**) Gaston Doumergue (***) Armand Fallières
Dans son article « La plus grande mystification du siècle » publié le 22 janvier 1947 dans Le Canard Enchaîné, R. Tréno dénonce avec une ironie mordante la clémence et la récompense accordées à certains collaborateurs économiques de la Seconde Guerre mondiale. Tréno utilise une comparaison frappante et une satire mordante pour critiquer cette situation.
L’auteur commence par imaginer une proposition faite aux journalistes collaborateurs condamnés, leur offrant la liberté et une rémunération royale en échange de leur travail pour la France, malgré leurs actes de trahison passés. Ce scénario fictif choque et indigne par son absurdité, illustrant le paradoxe de récompenser ceux qui ont trahi leur pays. Tréno révèle ensuite que cette offre n’a pas été faite aux journalistes collaborateurs, mais aux entrepreneurs qui ont construit le mur de l’Atlantique pour les Allemands, ajoutant une couche de satire à son argumentation.
L’exemple concret de Jean Pagès, entrepreneur à Montpellier, illustre cette ironie. Après avoir construit des ouvrages bétonnés pour les Allemands pendant la guerre, Pagès se voit offrir un nouveau contrat lucratif pour démolir ces mêmes ouvrages. Tréno décrit avec sarcasme comment Pagès, loin de payer pour ses actions passées, en profite encore en facturant des travaux fictifs et en escroquant le gouvernement français.
L’article souligne l’absurdité et l’injustice de cette situation, où les collaborateurs économiques bénéficient d’une clémence et de récompenses financières, tandis que d’autres sont punis sévèrement. Tréno critique l’hypocrisie de l’épuration, affirmant que la véritable justice n’est pas rendue et que cette clémence économique constitue une mystification.
En conclusion, Tréno appelle à la cohérence et à la reconnaissance de cette hypocrisie. S’il est accepté que les collaborateurs économiques bénéficient de telles largesses, alors, selon lui, il serait logique d’ouvrir également les portes des prisons pour les autres collaborateurs moins chanceux. Ce commentaire acerbe met en lumière les contradictions et les injustices de l’après-guerre en France, utilisant l’ironie pour souligner la nécessité d’une véritable justice et d’une épuration cohérente.
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