L’article de Roger Salardenne, intitulé « UN BEL EXEMPLE DE CIVISME – Les lecteurs du ‘Figaro’ enlèvent poubelles » et publié dans Le Canard Enchaîné le 10 décembre 1947, est une satire mordante qui se moque des lecteurs du Figaro et de leur réaction à la grève des éboueurs.

Salardenne commence par citer un appel du Figaro invitant ses lecteurs à se mobiliser pour nettoyer les rues pendant la grève. Il décrit ensuite de manière exagérée et ironique comment les aristocrates et les bourgeois de Paris se sont mis à la tâche, transformant une situation de crise en une opportunité pour démontrer leur « civisme » et leur « sens des responsabilités. »

L’auteur utilise des stéréotypes de l’aristocratie pour rendre la scène ridicule. Les références à des personnages comme le comte de Mortemart, le marquis de la Duègne, et leurs actions, comme rivaliser d’ardeur pour vider des poubelles « armoriées, » montrent bien le contraste entre leur statut social élevé et la nature humble et sale de la tâche qu’ils accomplissent.

Salardenne fait également des clins d’œil humoristiques aux lecteurs du Figaro en décrivant comment des luxueuses Cadillac remplacent les camions poubelles de la SITA, et comment les dialogues entre les nobles sont empreints de politesse exagérée et de courtoisie, même dans cette situation absurde.

La description de figures littéraires et intellectuelles comme François Mauriac, en tenue de soirée, et André Siegfried, avec une équipe de « généraux boueux, » renforce encore le ton satirique de l’article. L’idée d’un « rallye papier gras » dans les quartiers chics de Paris est particulièrement ironique et souligne l’incongruité de la situation.

En conclusion, Roger Salardenne utilise l’ironie et la caricature pour critiquer les tentatives des classes supérieures de se montrer altruistes et civiques dans une situation de grève. Il se moque de leur déconnexion de la réalité des travailleurs et de la véritable nature de l’engagement civique. L’article est une critique sociale incisive qui dénonce l’hypocrisie et le spectacle de la solidarité de façade dans les cercles aristocratiques et bourgeois.