Tito et Berenurss, dessin de Curry –

Le lapin et le boa – Par R. Tréno –

On annonce officiellement de Prague que le parti social-démocrate et le parti communiste tchèques viennent de fusionner. « Le nouveau parti, ajoute-t-on, s’appelle le parti communiste. »
Cela nous rappelle une autre fusion sensationnelle. Celle du lapin et du boa.  Le nouvel animal s’est appelé boa.
Les lapins ne manquent pas, un peu partout dans le monde, qui rêvent de ce genre de fusion.
Et les boas, bons princes, sont heureux de leur tendre la main. Si nous osons ainsi nous exprimer. Le gouvernement français, en l’occurrence, est un rude lapin. Le boa de son choix, superbe et généreux, est le gouvernement américain.
Tous deux sont en train de signer un pacte par lequel le boa s’engage à venir en aide au lapin. À le nourrir, s’il le faut. À le nourrir de pâté de lapin. À le vêtir, s’il est nécessaire. À le vêtir de peau de lapin.
Comment le lapin pourrait-il résister à tant d’amabilités ? On n’est pas de boa ! D’ailleurs, que risque-t-il, le lapin, à accepter ce pacte ? Ne contient-il pas des clauses de réciprocité ?
Autrement dit, le boa se réserve le droit d’avaler le lapin, mais, en revanche, il reste permis au lapin d’avaler le boa. Si le cœur lui en dit.
Il arrive qu’un lapin, absorbé tout cru, soit de digestion difficile. Même si le boa ne manque pas d’estomac.
C’est ce qui vient de se produire pour le boa russe et le lapin yougoslave. Le boa se fâche alors tout rouge et l’infortuné lapereau s’entend traiter de tous les noms d’oiseaux, du moins de ceux qui se trouvent dans le vocabulaire boa.
Par exemple : « vipère lubrique ».  Définition de la vipère lubrique :  « Quiconque se refuse à avaler toutes les couleuvres. » Quant aux lapins de l’autre bord, tout heureux de s’être mis dans leur boa, ils fêteront dans quelques jours l’Independence Day.  Allons, la vie est belle…  Et les boas ont du lapin sur la planche.

Cet article utilise l’allégorie du lapin et du boa pour critiquer avec ironie les fusions politiques et les alliances internationales de l’époque, notamment en Europe de l’Est et les relations entre la France et les États-Unis.