CES MESSIEURS DU BALCON, par Henri Béraud
Dans un petit village champenois, lors d’une période de repos pour les soldats de la Main-de-Massiges, se trouvait un major de cantonnement, véritable vestige d’une époque révolue, chargé d’assurer l’ordre dans la localité. Ce vénérable individu, empreint d’une quadruple couche de conservatisme, avait accumulé les années d’expérience depuis la précédente guerre.
Il se promenait inlassablement dans le village, s’adressant à tous avec des discours enflammés, que ce soit à l’attaché d’intendance, au responsable du troupeau ou au capitaine rapporteur du conseil de guerre. Un jour, il se permit de critiquer un capitaine d’infanterie, exprimant une opinion qui lui valut le surnom de « Vieille Noix ».
Quelques mois plus tard, il reçut une médaille, et disparut sans laisser de trace. Le narrateur le revit un jeudi dernier, 1er mai, sur le balcon du Cercle militaire.
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