N° 1493 du Canard Enchaîné – 1 Juin 1949
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La clémence de Vincent
La République française, quatrième du nom, est vraiment bonne fille.
Par la voix de son président elle a fait savoir aux Algériens égarés (ceux qui s’étaient écartés du paisible troupeau de l’Union française pour suivre de mauvais bergers) qu’il leur serait pardonné.
« Soyons amis, Cinna, c’est moi qui t’en convie… »
À condition, bien sûr, qu’ils n’y reviennent pas et qu’ils soient désormais bien sages.
La République française, par ce geste magnanime, montre ainsi qu’elle n’en veut pas à ceux qu’elle a privés de leurs libertés. Qu’elle n’éprouve aucun ressentiment à l’égard des milliers de musulmans algériens passés par les armes après les incidents de Sétif, dans lesquels ils n’étaient d’ailleurs strictement pour rien, ce qui aggravait leur cas.
Là ne s’arrêterait pas sa générosité.
Nous croyons savoir que l’indulgente République française pardonnerait également aux Malgaches les 80.000 morts que leurs faits ses troupes pour ramener ce peuple dans le giron de l’amère patrie, dont il s’était éloigné dans un moment d’aberration.
Qu’elle accepterait aussi de ne pas trop tenir rigueur aux Vietnamiens des villages que la légion étrangère a été obligée de brûler en représailles d’attentats terroristes (fi ! le vilain mot !) et des otages qui ont dû être fusillés.
Oui, la République française leur pardonnera, à tous ces gaillards-là : jaunes, noirs ou bruns. Elle passera l’éponge dans un geste magnanime, le geste auguste du saigneur.
Et ils promettront, c’est bien entendu — n’est-ce pas ? — de ne jamais plus recommencer !
R. Tréno
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