N° 1495 du Canard Enchaîné – 15 Juin 1949
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Une heureuse initiative : Les bistros deviennent des institutions officielles –
Ce n’est pas trop tôt ! On se décide, enfin, à officialiser les bistros.
Désormais, tout comme les notaires et les huissiers, les cafetiers auront un panonceau obligatoire qu’ils seront tenus d’apposer à l’extérieur de leur établissement. Il se composera d’un grand médaillon aux couleurs de la ville de Paris, s’il vous plaît — sur lequel sera indiquée, par un chiffre en caractère romain, la catégorie du débit.
Ainsi, dorénavant, on ne risquera plus de se tromper.
On ne verra plus Robert Danger se précipiter à Notre-Dame-des-Victoires pour commander un pot de julienas ou Gabriel Macé confondre la Banque de France ou coin avec le « Vieux Saumur ». Un coup d’œil au panonceau avant d’entrer et plus d’erreur possible !
On ne dira plus, après cela, que nous sommes mal gouvernés… Le dirigisme, voyez-vous, a tout de même du bon.
Mais il ne faut pas s’en tenir là. Une enseigne officielle pour les bistros, c’est parfait. Seulement, ça ne suffit pas ! Qu’on en colle aussi un peu partout.
Et puisque les débits de boissons porteront les couleurs de Lutèce, pourquoi ne pas apposer à l’Hôtel de Ville, au pied de l’escalier d’honneur, un grand médaillon décoré d’un pot de vin ?
Comme cela, on saura exactement à quoi s’en tenir et on n’aura pas besoin de quémander des renseignements au concierge, à l’éteignoir au ministère de la Justice; un passe-lacet au ministère des Finances, etc.
Ceci dit et bien dit, permettez-moi, pour me remettre de mes émotions, d’aller m’en jeter un derrière le grand médaillon aux couleurs de la ville de Paris le plus proche.
Et à la bonne vôtre !
Cet article satirique se moque de l’idée d’officialiser les bistros en leur donnant le même statut que des institutions officielles comme les notaires ou les huissiers. Roger Salardenne utilise l’humour pour critiquer le dirigisme et l’administration française, en exagérant l’importance des bistros et en suggérant des extensions absurdes de cette politique.
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