N° 15 du Canard Enchaîné – 11 Octobre 1916
N° 15 du Canard Enchaîné – 11 Octobre 1916
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Qu’est-ce qu’un embusqué ?
Dans son numéro du 11 octobre 1916, Le Canard enchaîné s’attaque à une figure honnie de la Grande Guerre : l’embusqué. Pas le médecin, ni l’ouvrier, ni l’auxiliaire… mais ceux qui se dérobent à leur devoir ou profitent des malheurs du temps. Députés planqués, entrepreneurs rapaces, spéculateurs et fournisseurs avides : tous passent à la moulinette satirique. Le journal décrit avec verve cette « foule des mauvais bougres » qui se tient à l’abri tandis que les poilus meurent. En donnant chair à ce terme, le Canard exprime la colère populaire contre l’arrière planqué, devenu l’ennemi intérieur de 14-18.
Nos nouveautés pour la troisième campagne d’hiver, dessin de H-P Gassier – Mandigot, dessin de Bour – Le cauchemar du re-re-réformé, dessin de Manfredini –
ancienne trace d’humidité bien visible sur l’image et présente sur les 4 pages
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
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Le 11 octobre 1916, Le Canard enchaîné publie un article au titre simple et direct : « Qu’est-ce qu’un embusqué ? ». La question est d’importance : depuis 1914, le mot est devenu un véritable stigmate. Tandis que des millions d’hommes croupissent dans les tranchées, l’embusqué incarne celui qui, par ruse ou privilège, a trouvé moyen d’échapper au front.
Le texte commence par écarter les faux coupables : l’embusqué, ce n’est ni l’ouvrier, ni le cheminot, ni l’auxiliaire. Puis, avec un crescendo accusateur, il énumère les vrais suspects. L’embusqué, c’est celui qui « a su dégoter le bon filon », la planque tranquille à l’arrière. C’est le patriote tonitruant qui harangue en chantant « Marchons ! » mais ne marche jamais lui-même. C’est le conseiller municipal invisible, l’entrepreneur qui spécule, le fournisseur sans vergogne qui revend ses produits à l’État au triple du prix.
À travers cette galerie, le Canard fait de l’embusqué une figure sociale et morale : un mélange d’hypocrisie, de rapacité et de lâcheté. Le journal rejoint ici une indignation largement partagée : dans la presse, dans les lettres de poilus, l’embusqué est l’ennemi intérieur, celui qui profite de la guerre sans la vivre. Mais l’originalité du Canard est d’utiliser un ton mi-sérieux, mi-satirique : l’énumération se lit comme une liste à charge, mais chaque formule est piquée d’ironie, transformant la dénonciation en caricature.
En publiant ce texte, le Canard se pose en porte-voix des tranchées. Le journal ne se contente pas de critiquer les gouvernants, il exprime aussi le ressentiment populaire contre l’arrière planqué. En 1916, alors que Verdun saigne, l’embusqué est peut-être plus haï que l’ennemi allemand : il incarne la fracture entre ceux qui meurent et ceux qui s’enrichissent.
Avec cette définition mordante, le Canard fixe pour longtemps une silhouette dans l’imaginaire collectif : l’embusqué, le planqué de l’arrière, restera un type honni bien au-delà de la Grande Guerre.
L’« embusqué » dans la Grande Guerre
Pendant 14-18, le mot « embusqué » devient l’une des insultes les plus répandues. Il désigne ceux qui, par privilège ou combine, échappent au front : fonctionnaires planqués, élus invisibles, industriels profiteurs ou commerçants spéculateurs. Dans les lettres des poilus, l’embusqué incarne l’injustice : « ceux qui mangent chaud » pendant que d’autres meurent à Verdun.
Le Canard enchaîné, dans son édition du 11 octobre 1916, fixe ce portrait avec ironie : « l’embusqué, c’est… » répète le journal, avant de dérouler une galerie de rapaces et d’hypocrites. Derrière l’humour, une colère partagée : l’embusqué devient l’ennemi intérieur, plus haï parfois que l’Allemand.
Cette figure hantera longtemps la mémoire de la guerre. En 1916, le Canard contribue à la graver dans l’imaginaire collectif, en transformant le ressentiment populaire en satire mordante.