Vive M. Letourneau !

On dira ce qu’on voudra de M. Letourneau.
On dira si l’on veut que ce n’est pas un aigle.
Foin de ces plaisanteries faciles.

M. Letourneau, pour les Français, restera le ministre des Finances le plus sympa que nous ayons jamais eu.

C’est le seul en effet qui n’ait pris aucune de ces mesures par lesquelles se manifeste habituellement l’activité de nos grands argentiers.

M. Letourneau n’a pas décrété de nouveaux impôts; il n’a pas relevé les tarifs des chemins de fer et de l’électricité; il n’a pas augmenté le prix du pain; il n’a pas fait de dévaluation…

Bref, si ce Letourneau n’est pas un aigle, ce n’est pas un rapace.

Au nom de tous les contribuables, qu’il soit permis au Canard de lui exprimer sa plus vive gratitude.

On dira, bien sûr, que si M. Letourneau n’a pas pris de mesures impopulaires, c’est qu’il n’en a pas eu le temps.
Il n’a été ministre des Finances que pendant un jour.
On ne lui a fait toucher son portefeuille que du bout des doigts, de sorte qu’il n’a pas eu le loisir de s’occuper des nôtres.
C’est possible. Mais alors, pourquoi ne pas tirer les enseignements de cette courte expérience ?
Des ministres des Finances éphémères, voilà ce qu’il nous faut !