N° 153 du Canard Enchaîné – 4 Juin 1919
N° 153 du Canard Enchaîné – 4 Juin 1919
89,00 €
En stock
Juin 1919 : un traité sous le scalpel
Le Canard enchaîné ironise sur Versailles
Le 4 juin 1919, à quelques semaines de la signature du traité de Versailles, Le Canard enchaîné publie « Pour le traité de paix ». Le titre semble promettre une adhésion enthousiaste, mais l’article prend au contraire un ton distancié. Derrière la façade solennelle des négociations, le journal décèle les calculs d’intérêts, les querelles de prestige et l’ombre persistante de la revanche. Au lieu d’un acte fondateur pour la paix universelle, le Canard présente le traité comme une opération de maquillage diplomatique. Une satire lucide qui préfigure la critique durable de Versailles.
Le sénateur amoureux, dessin de Lucien Laforge – Perspective, dessin de Marcel Arnac –
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock
Un traité “pour la paix”… ou pour la guerre de demain ?
Quand Le Canard refuse de se laisser duper
Le 4 juin 1919, Le Canard enchaîné consacre une page entière au thème du traité en cours de préparation à Versailles. Le texte, titré « Pour le traité de paix », se distingue d’emblée par son ambiguïté : il semble annoncer un appui solennel à l’œuvre diplomatique des vainqueurs. Mais la lecture révèle vite le contraire : il s’agit d’une critique ironique, fidèle au ton de l’hebdomadaire.
Le Canard souligne les contradictions flagrantes du processus. On proclame vouloir instaurer une paix durable, mais les conditions imposées à l’Allemagne ressemblent à des sanctions dictées par l’esprit de vengeance. Les querelles entre Alliés — sur les réparations, les frontières, les colonies — montrent que l’unité affichée n’est qu’une façade. L’article insiste sur le contraste entre la rhétorique des « idéaux » et la réalité des marchandages.
Le procédé satirique repose sur la fausse adhésion. En titrant « Pour le traité de paix », le journal feint de s’aligner sur la presse officielle, avant de renverser les arguments pour montrer que ce traité risque d’être tout sauf pacifique. Derrière le vernis juridique, il devine les germes d’une instabilité future.
Ce scepticisme n’était pas partagé par toute la presse en juin 1919. La plupart des journaux français saluaient le traité comme une victoire diplomatique et une garantie contre la résurgence de l’Allemagne. Le Canard, lui, joue la carte du désenchantement. Il rappelle que l’histoire regorge de traités pompeux qui n’ont pas empêché de nouvelles guerres.
Avec le recul, cette position apparaît prophétique. Dès 1919, le journal satirique percevait dans Versailles non pas une promesse de paix, mais une source de rancunes et de déséquilibres. Ce traité, censé clore la « guerre de 14-18 », sera souvent considéré comme l’un des déclencheurs de la Seconde Guerre mondiale.
L’article « Pour le traité de paix » incarne donc à la perfection la ligne du Canard enchaîné : ironiser sur le présent pour dévoiler les contradictions d’un futur en gestation. Sous la plume satirique, le traité cesse d’être un monument de paix et devient un miroir des hypocrisies politiques.