N° 154 du Canard Enchaîné – 11 Juin 1919
N° 154 du Canard Enchaîné – 11 Juin 1919
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« Les Bolcheviks au pouvoir ! »
Quand Roland Dorgelès dénonçait la France post-victoire comme livrée à Lénine
Dans un pastiche au vitriol publié dans Le Canard enchaîné du 11 juin 1919, Roland Dorgelès tourne en dérision la panique anticommuniste et la décomposition politique d’une Troisième République épuisée par la guerre. L’ancien poilu, futur président de l’Académie Concourt, y signe un faux constat accablant : celui d’un pays soi-disant tombé aux mains de la Révolution bolchevique.
👉 À lire sur Couac! l’article signé SP 11 juin 1919 : L’homme au couteau entre les dents
Le povre ! dessin de Opnor.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
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Le Canard a collaboré au Traité de paix - Le crâne de Makaoua et l'article 246
Victor Snell nous instruit sur le contenu de l'article 246 du Traité de Versailles. Celui-ci prévoit la restitution du crâne d'un dignitaire Africain le l'Allemagne à la Grande Bretagne, et l'auteur d'ironiser sur les véritables motifs de cette guerre.
Le 11 juin 1919, Le Canard enchaîné offre à ses lecteurs une farce en première page : « Le crâne de Makaoua et l’article 246 ». Victor Snell, plume habituée aux satires absurdes, y invente un épisode burlesque du traité de Versailles. Selon lui, le fameux article 246 stipulerait la restitution par l’Allemagne du crâne du sultan Makaoua, conservé jusque-là comme trophée.
Dès l’ouverture, le ton est donné : on a « combattu pendant quatre ans pour reconquérir le crâne de Makaoua », comme si les millions de morts de la guerre se résumaient à cet objectif grotesque. Les Allemands, perfides, auraient gardé le crâne comme symbole, ricanant des sacrifices alliés. Mais la paix viendrait réparer cette « omission que les poilus n’auraient pas pardonnée ».
Snell déploie un récit truffé de détails invraisemblables. Il invente une généalogie au sultan, une descendance avec sa fille « Makaouette », et parsème son texte de chants pseudo-exotiques (« Loiregli au lultansi Lakouamem ! »), censés accompagner la restitution du crâne. Le sérieux diplomatique est ici renversé en opéra bouffe colonial.
Le texte joue aussi avec l’actualité : il raille la solennité des conférences de paix où chaque virgule devient enjeu, et se moque de la logique des réparations exigées à l’Allemagne. Après le charbon, l’Alsace-Lorraine, pourquoi pas des reliques fantaisistes, comme le crâne d’un chef lointain ? Le ridicule de la demande souligne l’avidité et la dimension absurde des marchandages diplomatiques.
L’article s’accompagne de dessins caricaturaux représentant le sultan avec ses attributs. Si ces caricatures coloniales reflètent les stéréotypes de l’époque, elles servent surtout à accentuer le contraste entre le grandiose supposé de la scène et la trivialité de l’objet en question : un crâne transformé en relique officielle.
En filigrane, la satire vise plus large. Derrière le grotesque exotique, c’est l’ensemble du processus de paix qui est tourné en dérision : on solennise des détails, on fait passer des clauses ridicules pour des victoires diplomatiques, on donne à la guerre une finalité grotesque. Le Canard montre que la « paix » n’est pas seulement une affaire de principes, mais aussi une mascarade où chacun sauve la face en exhibant ses trophées.
Pour le lecteur de 1919, la plaisanterie devait frapper fort. Loin des envolées officielles de Versailles, le Canard rappelait que la paix pouvait être aussi absurde que la guerre, réduite à des questions de plaques commémoratives, de toponymie… ou de crânes restitués.
En somme, « Le crâne de Makaoua » illustre parfaitement l’art satirique du Canard enchaîné : utiliser l’absurde pour montrer le ridicule du sérieux politique.

 
      



