N° 156 du Canard Enchaîné – 25 Juin 1919
N° 156 du Canard Enchaîné – 25 Juin 1919
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Article de Paul Vaillant Couturier à la suite du N° 155 – De l’inutilité du Poilu pendant le Guerre, 2° partie –
Le 25 juin 1919, Le Canard enchaîné publie la suite du texte de Paul Vaillant-Couturier, « De l’inutilité du poilu pendant la guerre ». Après avoir démonté la légende du « poilu imaginaire », l’ancien combattant prolonge son constat amer : les sacrifices consentis n’ont pas empêché que la paix se prépare déjà comme une nouvelle guerre. À travers anecdotes, portraits et ironie mordante, il dénonce l’hypocrisie d’une République qui encense les soldats morts tout en méprisant les vivants. C’est aussi un texte d’alerte, écrit à chaud, qui annonce la trajectoire future de Vaillant-Couturier : celle d’un militant pacifiste et communiste.
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La seconde partie de « De l’inutilité du poilu pendant la guerre », parue le 25 juin 1919, confirme l’ambition de Paul Vaillant-Couturier : briser le mythe héroïque pour révéler l’absurde. Blessé et décoré, il écrit avec l’autorité de celui qui a vu et souffert. Son objectif n’est pas de mépriser ses camarades, mais de dire ce qu’ils furent réellement : des hommes sacrifiés, ni glorieux ni utiles, au service d’une paix qui n’en est pas une.
Le texte reprend la question posée dans la première partie : « Le poilu a-t-il vraiment existé ? » Oui, mais pas celui des légendes. Dans cette suite, Vaillant-Couturier insiste sur le décalage entre la réalité vécue et l’imagerie colportée. La presse, les cartes postales, les récits officiels ont fabriqué une figure mythique, figée dans le rôle de héros anonyme. En vérité, les survivants, souvent mutilés, réduits à la misère, finissent à vendre leurs décorations pour nourrir leurs familles. La République célèbre les morts mais méprise les vivants.
Vaillant-Couturier élargit ensuite son propos au plan politique. Cette paix, imposée aux vaincus, n’est pas un aboutissement, mais un prélude. Les sacrifices des poilus n’ont pas permis de bâtir un monde plus juste, seulement de préparer une autre guerre. L’auteur souligne l’ironie cruelle : les soldats pensaient défendre le droit et la liberté, ils n’ont servi que des ambitions impérialistes. Les vaincus d’aujourd’hui, humiliés à Versailles, seront les revanchards de demain.
Au fil des paragraphes, l’ironie cède la place à l’indignation. Il s’en prend à l’arrière, aux intellectuels, aux politiques qui, loin des tranchées, ont parlé au nom des soldats. Ces « belles plumes » qui ont exalté le poilu imaginaire avant de les « jeter aux oubliettes » sont sa cible favorite. Eux qui avaient chanté « la légende du poilu » n’ont rien fait pour améliorer le sort des survivants.
La force de ce texte réside aussi dans son ton familier, ses anecdotes de camarades croisés après l’armistice, réduits à de petits métiers humiliants. Ces fragments de vie ordinaire donnent chair à sa thèse : l’inutilité du poilu n’est pas seulement une idée, c’est une réalité sociale.
En 1919, publier une telle charge dans Le Canard enchaîné relevait de l’audace. Alors que la République organisait les grandes commémorations de la victoire, Vaillant-Couturier osait dire que cette victoire était vide, parce qu’elle préparait déjà la guerre suivante. Son texte préfigure son futur engagement : pacifiste, socialiste, bientôt communiste, il fera de cette dénonciation de la guerre le socle de toute sa carrière.
En somme, la seconde partie de « De l’inutilité du poilu » confirme et amplifie l’avertissement. Le mythe est déconstruit, la réalité sociale exposée, la logique politique dénoncée. Ce n’est pas seulement une chronique satirique, mais un texte fondateur d’un parcours intellectuel et militant.





