N° 1560 du Canard Enchaîné – 13 Septembre 1950
N° 1560 du Canard Enchaîné – 13 Septembre 1950
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On ne sait vraiment plus à qui se fier
On vit, il faut bien le dire, une drôle d’époque.
Des policiers se font assassins, comme on l’a vu à Arras.
Dans cette même ville, on enferme à l’asile un juge d’instruction trop curieux.
À Paris, ce sont des gardiens de la paix qui, la nuit venue, se muent en gangsters et dévalisent les passants du Bois de Boulogne.
Et puis voici le bouquet : au plein congrès de la criminologie, à la Sorbonne, un jeune adepte de cette science tente d’en tuer un autre à coups de revolver.
On se demande vraiment si nous ne sommes pas devenus des cinglés, si les vrais fous sont bien ceux qui sont enfermés et non pas ces gens à l’allure paisible que nous croisons dans la rue ; si les criminels authentiques sont dans les prisons et non pas parmi nous ; si les véritables escarpes ne sont pas ceux qui nous prodiguent tous les jours des conseils de morale et de vertu.
On a d’ailleurs vu de soi-disant pacifistes, de ceux qui n’arrêtent pas de nous faire signer de vibrants appels, s’en aller une fois l’an dans telle capitale pour assister à des défilés de tanks. Ces mêmes hommes mêlent leurs voix au chœur des pacifistes sincères qui crient : “À bas les dix-huit mois !” mais ils trouvent très bien que dans le pays de leur rêve, le service militaire dure deux ans, voire cinq ans pour les spécialistes.
À Strasbourg, durant la session de l’Assemblée européenne, des hommes généreux ont mis au point un projet de Convention des Droits de l’Homme qui, s’il était appliqué, ferait régner sur la terre, justice et liberté.
Mais ces mêmes hommes rentrés à Paris et redevenus ministres, refusent d’écouter les plaintes des peuples opprimés d’outre-mer et font matraquer des Algériens qui veulent vendre leur journal.
Oui, vraiment, on n’y comprend plus rien et l’on ne sait plus à qui l’on a affaire.
Un bon conseil : Si vous apercevez un uniforme serrez votre portefeuille ; si vous entendez des paroles nobles et généreuses, fichez vite le camp, ça va barder pour votre matricule !
R. Tréno
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