L’article de Jean-Paul Lacroix intitulé « Un triomphe de l’édition française de luxe – Le carnet de métro à 150 francs », publié dans Le Canard enchaîné du 21 février 1951, se moque avec un humour mordant du prix faramineux du carnet de métro, le présentant comme une édition de luxe réservée aux amateurs d’art et aux collectionneurs.

Lacroix décrit le carnet de métro, désormais vendu à 150 francs, comme un véritable objet d’art, gravé par « le maître-graveur Maurice Petsche » (qui fait ici allusion au ministre des Finances) et imprimé sur du « papier fort de couleur jaune appelé Boucherie spécial », résistant à tout, y compris au Japon ou au Lafuma. Lacroix ironise en expliquant que ce carnet « d’une édition limitée » est un « petit bijou » réservé à quelques chanceux et qu’il est soigneusement gardé sous vitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor national.

L’auteur se moque également des publicités imprimées au dos des tickets, qui varient selon les exemplaires : il cite par exemple « Lavolaine, le savon de la laine » ou encore « Par les fortes chaleurs, un seul ami: Odoril« , rappelant l’absurdité de telles annonces sur un objet aussi basique qu’un carnet de tickets.

L’humour s’intensifie avec la scène finale où Lacroix décrit  M. Dupont, manœuvre spécialisé, venu acheter son carnet de métro et qui se fait « brutaliser » par un homme portant une casquette à liseré rouge. Ce dernier, caché derrière un portillon, s’empare violemment du carnet pour le poinçonner à l’aide d’une pince, symbolisant le contrôle oppressant du système de transports sur les usagers, tout en accentuant l’ironie autour de cet objet devenu si précieux.

L’ensemble de l’article critique donc de manière subtile et satirique l’augmentation des prix des transports publics, en ridiculisant l’idée qu’un simple carnet de tickets puisse être traité comme une œuvre d’art ou un trésor national.