La noix d’honneur du « Canard »

Extrait de la Dépêche de Constantine du 10 mai, dans le compte rendu du voyage en Algérie de M. Brune, ministre des P.T.T.
« Dans la nuit, le cortège poursuit sa route vers Constantine. Il pleut. Pluie heureuse, qui rend à ces terres fertiles une prospérité qu’elles avaient cru perdre.
Les populations musulmanes, qui suivent dans l’obscurité les feux des voitures, pensent que c’est le ministre qui en est l’heureux présage. Et dans les gourbis qui ruissellent, on entend les youyou des femmes, qui remercient le représentant de la France, comme l’heureux messager de la fertilité rendue au pays. »
Sans blague ?
M. Cayeux a raison !
Comme on peut le voir dans le compte rendu analytique de l’Assemblée nationale de mercredi dernier, M. Cayeux, député, a dénoncé, avec véhémence, lors du débat sur le pastis, les méfaits de l’alcoolisme « par voie buccale ».
Enfin, il s’est tout de même trouvé quelqu’un, au Parlement, pour attirer l’attention sur une façon d’ingurgiter l’alcool qui constituait un véritable coupe-gorge.
Certes, l’alcoolisme par voie de lavements ou de suppositoires — beaucoup moins néfaste — n’est pas encore très connu du grand public.
Il faut le répandre.
C’est évidemment le seul bon moyen pour que l’alcool ne vous monte pas à la tête.
Évidemment, ça va changer la physionomie habituelle des bistrots, et le spectacle estival des consommateurs en train de siroter tranquillement leur pastis à la terrasse aura quelque chose de rabelaisien, voire de moliéresque, dont s’effaroucheront peut-être quelques passants.
Faisons taire les pudibonds !
Nous ne sommes pas ici en Angleterre, que diantre !
— Garçon !… un picon-cu… !