N° 161 du Canard Enchaîné – 30 Juillet 1919
N° 161 du Canard Enchaîné – 30 Juillet 1919
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Pourquoi pas ?
Maréchal interroge l’après-guerre
Dans le numéro du 30 juillet 1919, Maurice Maréchal signe en une un texte au titre faussement candide : « Pourquoi pas ? ». Dans un contexte où l’on promet une paix radieuse, le fondateur du Canard enchaîné manie l’ironie pour questionner les illusions du moment. Derrière l’interrogation légère se cache une critique acerbe : pourquoi ne pas croire aux promesses des politiciens, aux discours de fraternité, aux lendemains qui chantent ? Parce que la réalité, répond implicitement Maréchal, dément déjà les beaux slogans. Un texte qui souligne l’écart entre l’idéal proclamé et la paix réelle.
La reconnaissance du ventre ou ceux qui ne peuvent pas condamner Guillaume II, dernier dessin de Lucien Laforge, dans le Canard – Bien fait pour lui, dessin de Depaquit – Histoire sans paroles, dessin de Calvo –
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Un titre en forme de sourire
Quand Maréchal feint l’innocence pour mieux piquer
Le 30 juillet 1919, Le Canard enchaîné publie en une un article signé Maurice Maréchal, intitulé « Pourquoi pas ? ». Ce texte, derrière son apparente légèreté, illustre parfaitement la méthode du journal : utiliser l’interrogation naïve comme arme critique.
Le titre, volontairement vague, semble ouvrir la porte à toutes les possibilités. « Pourquoi pas ? » : la formule évoque l’optimisme, la disponibilité, l’élan vers l’avenir. Mais chez Maréchal, ce ton devient sarcasme. L’article souligne, par petites touches, le décalage entre les promesses exaltées de la paix et les réalités déjà perceptibles : lenteurs diplomatiques, désaccords entre Alliés, difficultés économiques, frustrations sociales.
Maréchal ne s’attaque pas frontalement aux institutions ou aux dirigeants : il se contente de poser des questions, faussement ingénues. Pourquoi ne pas croire que la paix sera définitive ? Pourquoi ne pas penser que les promesses d’égalité et de justice seront tenues ? Pourquoi ne pas imaginer que la guerre a vraiment changé le monde ? La répétition de ces interrogations conduit le lecteur au constat ironique : si l’on demande « pourquoi pas ? », c’est bien que tout invite déjà à douter.
Cet article témoigne d’une forme d’intelligence rhétorique qui deviendra la marque de fabrique du Canard. Plutôt que de dénoncer frontalement, il préfère feindre la naïveté, pour mieux révéler l’absurdité de la situation. Le lecteur rit du ton détaché, mais comprend en filigrane la gravité du message : la paix qui s’annonce est loin d’être à la hauteur des sacrifices consentis.
En juillet 1919, cette posture est particulièrement audacieuse. La plupart des journaux se félicitent encore de la victoire et du traité de Versailles. Le Canard, lui, refuse de céder à l’enthousiasme collectif et se positionne déjà comme le gardien du doute critique. Avec « Pourquoi pas ? », Maréchal installe le journal dans une tradition qui fera sa force : dire sérieusement, mais en riant, ce que beaucoup pressentent sans oser l’exprimer.