L’article intitulé « La République des Babouins – V. Les Belles-Lettres », publié dans Le Canard enchaîné du 14 novembre 1951 et signé par R. Tréno, poursuit la satire politique en s’intéressant cette fois-ci à la culture et à la littérature.

Dans ce volet, l’auteur tourne en dérision les pratiques intellectuelles et les dérives littéraires au sein de la Babouinie. L’accent est mis sur la pauvreté du paysage culturel, où des écrivains médiocres remplacent les véritables grands noms de la littérature. Les Babouins, plus préoccupés par des distractions comme le cinéma ou l’automobile, réduisent leurs aspirations culturelles à des productions banales, symbolisées par des figures telles que Paul Lodebénite, un opportuniste littéraire transformant le pathos en spectacle pour la foule.

Le texte introduit également une satire religieuse et philosophique. Deux figures catholiques, Georges Bernanos et Léon Bloy, sont évoquées comme références perdues ou caricaturées, tandis que les pratiques religieuses dégénèrent en cultes absurdes. L’auteur invente des figures grotesques comme « Laveine-Cave », chantre d’une pseudo-religion centrée sur le néo-nationalisme, ou encore Castille-Rougebarres, promoteur de doctrines fumeuses.

Tréno dépeint une société où la culture s’efface devant le sensationnalisme et la manipulation des masses. Les écrivains et penseurs y sont moqués pour leur manque de substance et leur volonté de plaire à tout prix. Les vestiges culturels de qualité sont réduits à des éléments de décors exotiques, tels les « caves » où se déroule un culte grotesque, ou encore des références bibliques détournées au profit d’un consumérisme spirituel.

En conclusion, ce chapitre de « La République des Babouins » illustre la décadence intellectuelle et morale d’une société, tout en critiquant les travers réels des institutions littéraires, religieuses et philosophiques de l’époque. Tréno allie satire et allégorie pour dénoncer la standardisation culturelle et l’abandon des véritables idéaux au profit d’un spectacle vain.

Quatre pas dans l’ONU(age), par Soro – texte et dessins –