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N° 163 du Canard Enchaîné – 13 Août 1919

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Le Dernier Colis

Le 13 août 1919, Roland Dorgelès publie dans Le Canard enchaîné un « conte » au ton tendre et ironique : « Le Dernier Colis ». On y suit le caporal Pigeonnet, rendu à la vie civile après cinq années de guerre. Désœuvré, il se remémore ses souvenirs de caserne, sa capote usée et la chanson de Craonne, avant d’aller remercier son parrain de guerre, M. Bouvard, un bourgeois qui lui envoyait des colis. Par reconnaissance, il envoie à son tour un paquet chaque semaine, inversant les rôles. Sous l’anecdote légère affleure une vérité plus grave : la difficulté des anciens combattants à trouver leur place dans une société qui préfère les voir comme des souvenirs qu’on expédie, soigneusement empaquetés, par la poste.

La crise du logement, Pour danser cet hiver, dessins de Calvo

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Le Conte du Canard publié le 13 août 1919 sous la plume de Roland Dorgelès, « Le Dernier Colis », frappe par son mélange d’humour feutré et de mélancolie douce. Contrairement à ses grands romans de guerre, tels que Les Croix de bois (1919), Dorgelès choisit ici la forme brève, anecdotique, pour dire l’après-guerre. Le récit met en scène le caporal Pigeonnet, fraichement démobilisé, qui redécouvre la vie civile avec un mélange d’amertume et de résignation.

Dès les premières lignes, le décor plante le contraste : la caserne aride, sans herbe, sans âme, comparée aux souvenirs idéalisés du dépôt de Rouen avec ses sirènes et ses soirs de musique. Pigeonnet n’est plus soldat, mais sa capote poussiéreuse porte encore les stigmates de Verdun et de Craonne. Dorgelès glisse même une référence à la célèbre chanson de mutins, « C’est à Craonne », symbole des révoltes de 1917. En filigrane, c’est tout un univers de souffrance et de désillusion qui resurgit.

Mais le ton n’est pas tragique : il est ironique, parfois presque léger. À travers la visite que Pigeonnet rend à son parrain de guerre, M. Bouvard, bourgeois de confort, Dorgelès met en lumière le fossé entre le monde du front et celui de l’arrière. Pendant la guerre, Bouvard envoyait des colis pleins de douceurs, à la fois acte de générosité et manière de « parrainer » un soldat. Maintenant que la guerre est finie, c’est Pigeonnet qui, par reconnaissance, renverse le geste : chaque samedi, il envoie à Bouvard un colis contenant des produits modestes achetés de sa poche. Le soldat est devenu expéditeur, et l’homme riche, destinataire.

Ce renversement dit beaucoup de la place du poilu démobilisé. Il n’a plus d’uniforme, plus de rôle officiel, plus de reconnaissance sociale. Son seul moyen de se maintenir dans une logique de don et de dette est d’envoyer, semaine après semaine, un colis qui devient le symbole de son lien au monde. Le geste est à la fois dérisoire et poignant : dérisoire, car il ne rétablit pas l’égalité entre le riche et l’ancien soldat ; poignant, car il témoigne du besoin de garder une dignité dans une société qui ne sait que faire de ses millions de démobilisés.

Dorgelès, fidèle à sa manière, ne moralise pas. Il raconte avec simplicité, laisse affleurer l’ironie d’un soldat qui, après avoir tout donné au pays, continue d’expédier, au sens propre, des morceaux de lui-même dans des paquets postaux. On devine en creux une critique : l’État a cessé d’envoyer des rations et des soins, et c’est aux anciens combattants de bricoler leur survie.

« Le Dernier Colis » n’est donc pas seulement une historiette plaisante. C’est une parabole de l’après-guerre : le poilu, transformé en civil, reste prisonnier de l’économie du colis, du geste dérisoire, de la dette éternelle. Dorgelès, qui connaissait trop bien la misère des anciens soldats, traduit ici cette vérité avec pudeur et humour, offrant au lecteur du Canard un récit à double fond : amusant en surface, profondément critique en profondeur.